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Institutrice dans l'enseignement spécialisé, Mélanie se prend un coup de tête d'un élève: "On n'est pas protégé"

Mélanie est institutrice primaire dans l'enseignement spécialisé à Andrimont, du côté de Verviers. Le jeudi 19 décembre, lors d'un repas de Noël entre enseignants et élèves, elle se prend un coup à la tête alors qu'elle tente de calmer une altercation entre enfants. Choquée et démunie, Mélanie souhaite attirer l'attention sur sa situation. 

Mélanie est enseignante dans l'école de "La Court'échelle" à Andrimont, en région liégeoise. Cette école spécialisée encadre des élèves de la maternelle à la primaire, aux besoins spécifiques tels que des troubles mentaux ou moteurs. "On gère beaucoup d'enfants avec des problèmes de gestion de la colère et qui peuvent s'avérer violents. Lorsqu'on travaille là, il faut savoir à quoi s'attendre", explique l'enseignante, passionnée par son métier. Pourtant, ce jeudi 19 décembre, son quotidien se retrouve violemment perturbé. 

Je suis restée deux jours à l'hôpital

Alors qu'un repas de Noël est organisé juste avant les congés d'hiver, la situation dérape entre deux élèves. "L'ambiance était très festive, tout se déroulait bien. Mais à un moment, deux enfants se disputent et semblent en arriver aux mains. Mes collègues gèrent la situation, mais ont besoin d'aide. Alors je m'approche d'un des enfants, je lui parle calmement et j'essaie de le calmer. C'est alors qu'il prend de l'élan avec sa tête et m'assène un coup", explique Mélanie.

Le coup est si fort qu'elle s'effondre et voit trouble. Très vite, elle est amenée à l'infirmerie et ensuite, aux urgences de Verviers. "Les médecins réalisent un scanner de ma tête et ils découvrent une grave commotion. Je suis restée deux jours à l'hôpital parce qu'ils voulaient absolument me surveiller", indique Mélanie, à peine sortie de l'hôpital. "Selon eux, cela aurait pu être plus grave, j'ai été chanceuse".

J'aimerais que les gens se rendent compte de nos conditions

Aujourd'hui très choquée, Mélanie se sent démunie, bien que son école l'ait soutenue. "Ma direction a directement agi. L'élève est resté auprès du directeur toute la journée du lendemain. Ses parents ont été prévenus et pour ma part, j'ai été soutenue", estime-t-elle.

L'institutrice se remet difficilement de cet événement et dénonce la situation des enseignants dans le réseau spécialisé. "J'aimerais que les gens se rendent compte de nos conditions de travail. On sait dans quel établissement on met les pieds, mais supporter les insultes et la violence, c'est très difficile. De plus, on ne peut pas se protéger correctement et utiliser certains gestes, sinon, cela se retourne contre nous". 

L'enseignement spécialisé, menacé ? 

Mélanie a également peur des prochaines mesures prises sur l'enseignement spécialisé. La nouvelle déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit des coupes budgétaires potentielles dans l'encadrement différencié, qu'elle juge inefficace.

Cela pourrait affecter négativement les ressources allouées à l'enseignement spécialisé. "On est lynché et abandonné de tous. Ces élèves ont des besoins spécifiques et tous les enseignants ne sont pas préparés à cela". En effet, Mélanie craint que certains élèves à besoins spécifiques ne soient redirigés vers l'enseignement "classique". 

De son côté, Mélanie compte porter plainte contre l'élève. "Pas pour qu'il ait des ennuis, mais pour qu'il y ait une trace dans son dossier". 

Si vous avez besoin d'une écoute concernant la situation vécue ou des pistes complémentaires, contactez le numéro vert "Écoute école" au 0800 95 580. Ce numéro est gratuit, anonyme, confidentiel et accessible du lundi au vendredi de 9 h à 16 h.

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