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Il y a quelques semaines, un Bruxellois a eu très peur alors qu’il circulait avec sa voiture sur l’autoroute E40 vers Ostende. « Je roulais avec ma belle-mère. J’allais à une expo à Bruges avec des toiles dans le coffre. Heureusement que je n’étais pas avec les enfants », raconte Maxime qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.
Le père de famille âgé de 37 ans a tout à coup été surpris par le comportement de sa voiture. « En dépassant un camion près d’Alost, plusieurs voyants se sont allumés : « démarrage à contrôler », puis « vérifier ECS ». La voiture a commencé à perdre de la puissance et est soudainement passée de 120 km/h à 10 km/h », assure cet habitant de Molenbeek.
Maxime est parvenu à se rabattre et à quitter rapidement l’autoroute avant que son véhicule s’immobilise. « C’était dangereux, il y avait beaucoup de circulation, les gens klaxonnaient. Par chance, j’ai pu quitter l’autoroute et me garer sans encombre », poursuit le Bruxellois.
Après cet incident, une dépanneuse est venue récupérer son véhicule, une Renault Kangoo. « D’après mon garage Renault à Ganshoren, c’est le moteur qui est défectueux. Ils m’ont annoncé un devis de minimum 7.000 euros, rien que pour le moteur », déplore Maxime.
Le Bruxellois assure pourtant avoir fait réviser sa voiture en juin dernier. « J’avais demandé une vérification du moteur avant de partir en vacances. On m’avait assuré que tout allait bien. Heureusement que ça ne m’est pas arrivé sur la route des vacances. »
Le trentenaire craignait ce scénario. « Il s’avère que ce modèle, comme beaucoup d’autres, fait partie d’un scandale automobile qui se nomme « motorgate ». Ma voiture est équipée d’un moteur connu pour ses défauts. Il s’agit d’un vice caché sur des centaines de milliers de véhicules. On en parle déjà beaucoup en France, mais pas en Belgique », assure Maxime.
Depuis plusieurs années, les médias français relayent en effet des informations concernant ce « motorgate ». En juin dernier, le journal Le Monde a annoncé l’ouverture d’une enquête de la direction de la répression des fraudes après une plainte au pénal. « Cette plainte concerne les défaillances de moteurs ayant équipé plus de 130.000 véhicules du groupe Renault en France », indique le quotidien.
Ce moteur aurait une tendance très forte à casser
Le souci principal réside dans les dysfonctionnements de l’un des moteurs principaux du constructeur : le TCe 1,2 litre à essence. « Ce moteur, monté sur de nombreux modèles de Renault, Dacia et Nissan produits entre 2012 et 2016, aurait une tendance très forte à casser », précise Le Monde.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages épinglent ce souci sur des groupes spécifiques regroupant des « victimes du motorgate ». Certains racontent avoir évité de justesse des accidents mortels. Une action collective a même été engagée en France pour dénoncer ce « casse moteur ».
Quelle est la situation en Belgique ?
Et chez nous ? Que sait-on de ce scandale automobile ? Peu d’informations circulent à ce propos. Testachats nous révèle avoir appris l’existence de ce problème grâce à la presse française.
« Les moteurs Renault et Nissan de type 1.2 TCe/DIG-T produits entre 2012 et 2016 semblent présenter de nombreux cas de consommation d’huile anormalement élevée. D’après les analyses disponibles, dans certaines situations, la pression d’huile devient alors insuffisante, ce qui aurait pour conséquence que le moteur « aspire » l’huile et la brûle, générant des dépôts de calamine, qui à leur tour entraînent l’usure et l’endommagement, entre autres, des soupapes et des sièges de soupapes », détaille Lisa Mailleux, porte-parole de l’organisme de défense des consommateurs.
« Si le niveau d’huile diminue de façon excessive sans que le conducteur ne s’en aperçoive, le moteur peut finir par se bloquer complètement et tomber en panne », ajoute-t-elle.
À ce jour, nous n’avons pas reçu de plaintes
Selon Testachats, il est actuellement compliqué de connaître la situation en Belgique. « À ce jour, nous n’avons pas reçu de plaintes concernant ce problème et lors de nos tests de voitures « neuves », ce type de défaillance n’est pas détectable », souligne Lisa Mailleux.
« Je connaissais ce risque depuis deux ans. J’avais eu des alertes, mais mon garagiste me disait à chaque fois que le moteur allait bien, de ne pas m’inquiéter », déplore Maxime. « Et aujourd’hui, Renault refuse de m’indemniser. »
Le service client de Renault a effectivement répondu par mail à la demande d’indemnisation du Bruxellois : « Au vu de l’année du véhicule et de son kilométrage, nous ne pourrons pas répondre positivement à votre demande de prise en charge pour le remplacement du moteur ». Le constructeur lui propose néanmoins une réduction s’il envisage l’achat d’un véhicule neuf, en précisant que ce « geste commercial ne tiendra pas compte du coût du remplacement du moteur actuel ».
« En gros, débrouillez-vous. Ils ne parlent pas du tout du motorgate, je pense qu’ils ont consigne de ne rien dire, vu les enquêtes en France », pense le père de famille.
Le groupe Renault dément : « Il vous a donné une information erronée »
Une accusation rejetée par le constructeur automobile. D’après le porte-parole du groupe Renault en Belgique, la voiture de Maxime ne peut pas être concernée par ce problème. « Nous avons retrouvé dans nos systèmes la voiture de ce Monsieur. Il vous a donné une information erronée. Les véhicules éventuellement concernés par le « scandale motorgate » étaient des véhicules produits avant mi-2016. Or, son véhicule a été produit en juin 2017 », rétorque Karl Schuybroek.
Néanmoins, le porte-parole du constructeur admet l’existence de ce problème pour des voitures en Belgique. « Renault Group est conscient de la possibilité d’une surconsommation d’huile sur certains véhicules, parmi ceux équipés d’un moteur essence TCe 1.2 produit avant mi-2016 », indique Karl Schuybroek. « Depuis longtemps, nous avons mis en place une réponse technique et un accompagnement financier qui vont au-delà de la garantie constructeur et prennent en compte l’origine de la consommation d’huile, le respect du programme d’entretien, l’âge et le kilométrage du véhicule », assure-t-il.
« La plupart des clients identifiés ont bénéficié d’une prise en charge »
D’après lui, la « plupart des clients identifiés » qui ont rencontré des difficultés ont bénéficié d’une prise en charge et le groupe Renault continue d’examiner avec attention toutes les demandes qui lui sont adressées. « Une réponse détaillée est fournie », conclut-il.
Si le porte-parole n’a pas pu nous fournir un nombre précis de clients concernés en Belgique, il rappelle qu’une communication du groupe il y a plusieurs années évoquait « 400.000 véhicules » potentiellement touchés par ce problème dans toute l’Europe. « Ces véhicules ont aujourd’hui plus de 10 ans et la plupart ne sont plus en circulation », assure-t-il.
Quoi qu’il en soit, Maxime souligne le fait qu’il veut surtout alerter sur le danger potentiel. « Je désire prévenir les gens de la situation. Ce genre de panne peut provoquer un accident grave. Et ces voitures sont encore en vente sur les sites d’occasion. »
En parcourant quelques sites de vente de voitures, les différents modèles épinglés sont effectivement proposés à l’achat. Ils pourraient potentiellement être concernés.
Quels conseils si votre voiture est équipée de ce moteur ?
Face à cette situation, Testachats conseille aux propriétaires ou acheteurs belges d’une voiture équipée de ce moteur de vérifier très régulièrement le niveau d’huile. « Nous recommandons également de bien contrôler l’historique d’entretien, en accordant une attention particulière aux appoints d’huile et aux éventuelles plaintes antérieures, et de nous signaler tout incident ».
De son côté, le porte-parole du groupe Renault en Belgique recommande également au client de s’adresser à son concessionnaire s’il constate « une surconsommation d’huile qui peut facilement être constatée au tableau de bord par une alerte ou par un contrôle de la jauge moteur ».
Finalement, Maxime a décidé de ne pas payer les réparations trop onéreuses. Son concessionnaire a repris son véhicule pour 1.000 euros. « Un peu plus que le prix d’une épave », souligne le père de famille.
















