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Karim contrôlé par la police en pleine nuit après des coups de feu à Anderlecht: "Ils ont pointé leurs armes vers moi, c'était choquant"

Le week-end dernier, un père de famille a été contrôlé par des policiers à Anderlecht, juste après de nouveaux tirs près de Clemenceau. Tout se passe très vite, mais l'homme de 32 ans est particulièrement marqué par cette scène inattendue et stressante. Ce témoignage illustre l'atmosphère très tendue qui règne dans ce quartier de la capitale.

"Je suis sous le choc, c'est bien la première fois que ça m'arrive", confie un jeune père de famille via le bouton orange Alertez-nous. Nous l’appellerons Karim pour préserver son anonymat. Le week-end dernier, des policiers l’ont contrôlé inopinément pendant la nuit, juste après de nouveaux coups de feu à Anderlecht. 

Vers 00h30 dimanche, un night-shop rue de Fiennes, à proximité de la station de métro Clemenceau, est visé par des tirs au fusil d’assaut. Les auteurs de la fusillade ont ensuite pris la fuite en voiture. Il n’y a eu aucun blessé. 

La police de la zone Midi s’est immédiatement rendue sur les lieux pour procéder aux premiers constats. Au total, 25 douilles ont été saisies. Les agents ont également effectué des contrôles pour retrouver les suspects. 

"Les auteurs recherchés circulaient visiblement à bord d’une Golf. Coïncidence : je rentrais chez moi aux alentours de 2h30 au volant de ma Golf, profitant de ma seule soirée de congé avec des amis après une longue semaine", raconte Karim, âgé de 32 ans. 

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Des policiers effectuent des contrôles après des coups de feu à Anderlecht (source Snapchat)

Tout à coup, une voiture le suit de près, avant d’allumer ses gyrophares. "Je m'exécute et me range sur le côté. Je ne comprends rien et, pris de panique, j'entends une voix forte et stressante crier : "Les mains sur le volant !" Je m’exécute et tourne la tête à gauche", explique-t-il. 

On me fouille et on me traite comme si j’étais un criminel

Et là, Karim est surpris par une scène inattendue. "Deux policiers, armes chargées, les pointent sur moi. Je ne comprends toujours pas et pense au pire. On me fait descendre, on me plaque contre la voiture, on me fouille et on me traite comme si j’étais un criminel", assure le trentenaire. Les policiers vérifient notamment sa carte d’identité. "Après dix longues minutes de stress, la pression redescend des deux côtés. Heureusement, tout se termine bien. Ils se sont rendu compte que je n’étais pas la bonne personne. Cela dit, cet événement reste marquant et choquant", confie le père de famille.

Après les faits, Karim imagine un scénario bien plus dramatique. "Si, par malheur, j’avais bougé d’une façon que le policier n’aurait pas voulu ? À la base, je suis quelqu'un de très angoissé. J’étais vraiment effrayé de faire un mauvais geste à cause du stress", se souvient Karim. 

Malgré ce contrôle plutôt marquant, le trentenaire comprend l’attitude des forces de l’ordre. "La police doit prendre des mesures et suivre des procédures. Je comprends aussi que je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, et avec la mauvaise voiture", estime-t-il. "Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Je suis amené à passer par cette zone, fortement impactée par la violence, plusieurs fois par jour et j’y travaille aussi", poursuit le père de deux enfants.

Ce témoignage illustre la situation extrêmement tendue qui règne actuellement à Anderlecht. La commune bruxelloise est le théâtre de fusillades depuis plusieurs semaines qui s’inscrivent dans des règlements de compte entre narcotrafiquants.

La présence policière renforcée dans un contexte particulier

Contactée, la zone de police de Bruxelles-Midi admet que les contrôles sont "peut-être un peu plus corsés", étant donné les enquêtes en cours, surtout lorsque des suspects sont recherchés. Toutefois, la porte-parole tient à dire que les contrôles "sont toujours réalisés en respectant les procédures et de manière qualitative". La police n'a pas souhaité commenter le témoignage selon lequel Karim aurait été mis en joue par les agents.

Les enquêtes étant en cours et des opérations étant encore prévues, la zone de police n'a pas souhaité donner de détails sur les moyens alloués ou les procédures mises en place.

Depuis la récente vague de fusillades à Bruxelles, les responsables politiques, la justice et la police ont pris des mesures pour tenter de briser cette spirale de la violence. Les effectifs ont notamment été augmentés. À Anderlecht, la zone a déjà été renforcée par 20 policiers de la réserve fédérale. Une présence policière est désormais particulièrement visible sur le terrain, notamment dans le quartier Clemenceau. 

Fin février, le chef de corps de la zone de police Bruxelles-Midi (Saint-Gilles/Forest/Anderlecht) avait épinglé une nécessité d’être épaulé par d’autres services. "On fait le maximum, mais la police ne peut pas résoudre ce problème seule", avait déclaré Jurgen de Landsheer. Selon lui, ses effectifs agissent actuellement sur deux niveaux, d'une part "occuper le terrain pour être au plus proche de la population", d'autre part "collaborer étroitement avec les autorités judiciaires" et d'autres services concernés.

Même si cette soirée reste "gravée" en lui, Karim estime que les contrôles de police sont indispensables, vu le contexte actuel. "C'est ce qu'il faut faire parce que ça devient vraiment dangereux. J’ai habité ici pendant des années, mais j’ai fui ces quartiers quand j’ai eu des enfants", explique le trentenaire qui habite en région flamande. "Malheureusement, je dois revenir parce que j'ai mes parents qui habitent encore ici et j'ai mon travail qui est encore ici". D’après Karim, les contrôles policiers sont courants à Anderlecht. "Mais comme l’autre fois, c’est la première fois", assure-t-il. 

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