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DOSSIER ÉPARGNE: Ecco Nova, pour prêter directement de l'argent à des projets "durables"

Ecco Nova a un concept plus simple mais très original. Ce n'est pas une banque, vous n'y trouverez ni fonds d'investissement, ni compte épargne, et encore moins de compte à vue avec cartes de banque.

"On est une plateforme de financement participatif, de crowdlending, pour des projets liés à la transition énergétique", nous ont expliqué Pierre-Yves Pirlot et Quentin Sizaire, les deux co-fondateurs, des ingénieurs civils qui ont travaillé une dizaine d'années dans le milieu du renouvelable avant de lancer leur projet en 2014 lorsqu'ils ont repris des études de commerce. "Ecco Nova était notre travail de fin d'étude, puis c'est devenu notre entreprise. On a quitté nos emplois respectifs pour s'y consacrer à temps plein en janvier 2019".

Pour faire simple, Ecco Nova sert d'intermédiaire qualifié entre des personnes qui portent un projet (construction d'éoliennes ou d'habitations énergétiquement passives, par exemple) et ceux qui désirent investir dans ces projets en leur prêtant de l'argent (avec un taux d'intérêt). Pierre-Yves et Quentin ont l'expertise nécessaire pour analyser les projets soumis avant de les proposer aux éventuels investisseurs via la plateforme Ecco Nova. "On présente le projet, ses spécificités, ses forces et ses faiblesses, les risques. On retranscrit le tout dans un document mis à disposition des membres sur la plateforme. Les gens décident alors d'investir ou non dans ce projet-là en particulier, ils savent précisément où et dans quoi ils investissent".

"Les candidats investisseurs vont prêter de l'argent avec une certaine durée et un certain taux (c'est le rendement, l'argent qu’on va gagner). Ces prêts sont donc consacrés, c'est la spécificité d'Ecco Nova, à la transition vers un modèle plus durable. On a trois piliers: l'énergie (éoliennes, toitures photovoltaïques de taille industrielle, outils de production de chaleur, etc), l'immobilier résidentiel à haute qualité énergétique, et depuis cette année les PME qui sont durables par leurs produits et leurs services ou qui veulent le devenir". Parmi les réalisations marquantes, "il y a l'usine Volvo en Belgique: on a financé l'une des plus grandes toitures photovoltaïques du pays".

Il est important de bien comprendre la nature du prêt dont il est question. "On est un complément aux fonds propres que doivent apporter les porteurs d'un projet, on vient les renforcer avec un prêt qui n'est pas garanti. Comme ce prêt (financé par plusieurs particuliers via Ecco Nova) n'est pas garanti, il y a un taux d'intérêt sensiblement supérieur à ceux que la banque pratique". Dit autrement: "Lorsqu'on doit financer un projet qui coûte 100, la banque va prêter 70. Donc, un peu comme lors de l'achat d'une maison où il faut généralement amener les frais de notaire et un peu plus, il faut amener les fonds propres, soit 30 dans mon exemple. Ecco Nova va permettre de rassembler une partie des 30". Si le projet se casse complètement la gueule, "la banque sera prioritaire" pour récupérer l'argent, puis les autres créanciers (donc ceux qui ont prêté l'argent via Ecco Nova) seront remboursés avec un rang inférieur (s'ils le sont un jour, si le gestionnaire de la faillite y parvient). "Puisqu'il y a un risque plus élevé pour ceux-là, la rémunération est également plus importante. Il ne faut jamais dissocier le rendement du risque", rappelle Pierre-Yves Pirlot.

En se promenant sur les projets d'Ecco Nova, on remarque que les taux d'intérêt annuels sont très élevés, entre 4 et 8% par an, pendant plusieurs années (souvent 6 ou 8 ans).

La formule est donc tentante, et l'historique de l'activité d'Ecco Nova est rassurant. "On a réalisé une quarantaine de projets pour un montant total levé de 25 millions d'euros, auprès de 10.000 membres". Y a-t-il eu des couacs ? "On a un cas, tout à fait anecdotique par rapport au montant qu'on a levé. Un défaut d'à peu près 35.000 euros, sur 75.000 prêtés. Mais la société n'est pas en faillite, elle a demandé à se réorganiser pour étaler ses paiements. Donc notre réponse, c'est 'pas tout-à-fait oui', 'pas tout-à-fait non', c'est plutôt un retard de paiement. Il n'y a pas de perte totale. Mais bien sûr, on est très attaché à ce que ça tende vers 0, notre réputation est en jeu".

Concrètement, comment se passe les 'investissements' ? "Imaginons que vous ayez un capital de 10.000 euros. Vous trouvez un projet qui vous plait. Dans les caractéristiques du projet, il y a la durée du prêt, souvent 6 ans chez Ecco Nova. Sur ces 6 ans, le prêt va vous rémunérer via le taux d'intérêt, souvent du 5% l'an (brut). Vous verrez un tableau d'amortissement, un peu comme celui du remboursement d'un crédit auprès d'une banque. C'est une garantie, une transparence, vous savez exactement quand l'argent va revenir, et les montants. Souvent, c'est tous les ans. Il faut garder en tête qu'il y a la dimension intérêt et la dimension capital. Et surtout Ecco Nova ne garantit pas le prêt, donc (toutes les sommes à toucher sont prédictibles), mais à condition que le projet se passe bien".

A cela, il faut retirer généralement "15€ de frais d'entrée, mais parfois ils sont supprimés". Il n'y a pas de frais de sortie à payer à Ecco Nova, "mais il y a un précompte mobilier (taxe) de 30% perçu sur les intérêts, qui est pris à la source par le porteur de projet et remis au SPF Finances".

Comment Ecco Nova est-il payé ? "Les frais d'entrée ne sont pas notre principale source de rémunération. C'est plutôt le porteur de projet qui fait appel à nous: il paie une commission, au terme de la campagne". De quoi financer les deux cofondateurs, "trois employés et notre croissance en 2020, malgré un contexte difficile au niveau de la prospection (on n'a pas pu aller rencontrer nos clients). On se positionne à la deuxième place en Belgique sur le marché du crowdlending".

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