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Deux ans après les attentats, Karen est toujours à l'hôpital: "Je n’ai plus envie de souffrir" (vidéo)

Le 22 mars 2016, à l’heure des attentats, Karen Northshield s’apprêtait à embarquer sur un vol à destination des USA où réside une partie de sa famille. Les premiers sauveteurs la croient morte. La jeune femme survit grâce à une force de caractère et une condition physique exceptionnelles. Mais 2 ans plus tard, elle n’a toujours pas quitté les hôpitaux. Dominique Demoulin et Xavier Gérard lui ont rendu visite à l'hôpital Erasme, à Bruxelles, où elle a de nouveau été opérée il y a peu. Un retour en arrière qu’elle vit douloureusement.

Karen Northshield est une victime des attentats du 22 mars. Elle se trouvait à l’aéroport de Bruxelles quand les bombes ont explosé. Aujourd’hui, deux ans après, elle est toujours à l’hôpital. "Ma vie s’est arrêtée le 22 mars 2016, je vis dans un lit d’hôpital 24h/24 à l’exception de deux séances de kiné par jour. C’est une dure réalité à accepter. Je ne m’y attendais pas, je ne pouvais pas savoir, je n’étais pas préparée pour ça, mais maintenant, je dois accepter les conséquences. Physiquement, en un an, il n’y a pas tant qui a bougé, parce que je suis limitée au niveau des mouvements. Notamment ce fixateur que j’ai dans la jambe, ça m’empêche de beaucoup de mouvements, notamment l’amplitude, le fait de plier le genou etc", a-t-elle confié à notre journaliste Dominique Demoulin.


"J’entraînais des gens, j’étais athlète de haut niveau"

Aujourd'hui, Karen ne sait plus vraiment quel sens donner à sa vie. Elle qui était une athlète ne sait pas ce qu’elle va devenir. "Depuis deux ans, je ne sais pas trop où je vais. J’ai envie de guérir, j’ai envie d’aller mieux, mais avec la médecine, je patauge. Avant le 22 mars, j’étais indépendante, j’étais dans le secteur du sport, j’entraînais des gens, j’étais athlète de haut niveau. J’ai des doutes quant au fait de pouvoir retrouver cette profession maintenant. Et là, je n’ai aucune garantie de pouvoir travailler après dans un secteur qui me plaît", a-t-elle regretté face à la caméra de Xavier Gérard.


"J’aimerais que les gens se mettent un peu à ma place"

Deux ans après, Karen en veut au gouvernement qui, selon elle, ne fait rien pour les victimes. "Les médecins sont face à un terrain inconnu, parce que ce sont des blessures de guerre. On entend qu’il y a un statut pour victimes qui existe ou qui est en voie de, mais ça va me permettre quoi ce statut ? Oui, on pourrait avoir beaucoup plus de soutien du gouvernement. S’ils s’intéressaient à nous, ils seraient venus depuis longtemps. Ils ne se montrent pas et c’est très difficile de rentrer en contact avec eux. En tout cas, au début, quand j’envoyais des mails, on ne répondait pas, ou alors on renvoyait la balle. J’ai arrêté d’envoyer des mails", a-t-elle affirmé, avant d’ajouter: "J’aimerais que les gens se mettent un peu à ma place. Est-ce qu’ils peuvent envisager d’être deux ans dans un lit d’hôpital ? Tout le monde, en commençant par les politiciens, le gouvernement, ceux qui dirigent ce pays. Est-ce que quelqu'un peut se mettre à ma place, ne fut-ce qu’un jour ? J’ai des doutes."


"J’ai du mal à fêter le jour où je me suis fait sauter par une bombe"

Quand on lui demande ce qu’elle pense des commémorations, Karen a deux réponses. "Je préfère ne pas parler de l’anniversaire, de la date anniversaire des attentats, parce que l’anniversaire pour moi, c’est quelque chose qu’on fête. Là, j’ai du mal à fêter le jour où je me suis fait sauter par une bombe. Mais c’est aussi important pour moi, pour que les gens n’oublient pas, pour le peuple, pour le gouvernement. C’est important parce que c’est du jamais-vu en Belgique et dans un pays qui se veut démocratique et libre, ça ne devrait pas arriver."


"Mon corps est devenu tellement sensible, à la moindre chose, ça devient ingérable"

Tout ce qu'elle espère aujourd’hui ? C’est ne plus souffrir et pourvoir retrouver un semblant de vie normale. Et, évidemment, sortir de l’hôpital. "Je n’ai plus envie de souffrir. Je n’ai plus envie de connaître la souffrance physique. Mon corps, maintenant, est devenu tellement sensible, à la moindre chose, ça devient ingérable. Mon corps est imprégné de cette souffrance et c’est une souffrance pour laquelle il n’y a pas de mot. On peut me souhaiter que la souffrance parte vite, que cet état qui n’avance pas avance et que je ne connaîtrai que des moments de bonheur."

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