Accueil Actu

Carles Puigdemont arrêté par la police à la frontière allemande: il sera présenté à un juge lundi

L'ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont, sous le coup d'un mandat d'arrêt européen lancé par l'Espagne, a été arrêté dimanche par la police allemande près de la frontière avec le Danemark, cinq mois après avoir fui son pays.

L'ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont, arrêté dimanche en Allemagne sur la base d'un mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne, sera présenté lundi à un juge chargé de confirmer son identité, a indiqué le parquet allemand de Schleszig. "Cette comparution n'aura pour but que de vérifier l'identité de la personne arrêtée. Le tribunal régional du Schleswig-Holstein à Schleswig aura ensuite à décider si Monsieur Puigdemont doit être placé en détention en vue d'une remise" à l'Espagne, a indiqué le parquet dans un communiqué, quelques heures après l'interpellation par la police allemande de l'ex-président catalan alors qu'il venait du Danemark voisin. 


Des milliers de personnes manifestent à Barcelone

Des milliers de manifestants brandissant des drapeaux indépendantistes catalan sont descendus dimanche dans les rues de Barcelone après l'arrestation en Allemagne de l'ancien président Carles Puigdemont, réclamé par la justice espagnole, a constaté l'AFP. A l'appel d'un groupe séparatiste radical, les Comités de défense de la République, les militants se sont retrouvés sur les Ramblas, célèbres avenues au centre de Barcelone, criant "Liberté pour les prisonniers politiques" ou "Puigdemont notre président". Quelques dizaines de catalans ont également manifesté leur soutien au leader catalan au rond-point Schuman, à Bruxelles.

Carles Puigdemont s'était réfugié à Bruxelles fin octobre 2017, anticipant des poursuites pour "rébellion" et "sédition" déclenchées par la justice espagnole à la suite de la tentative ratée de sécession de la Catalogne l'automne dernier. Le dirigeant indépendantiste "a été arrêté aujourd'hui à 11H19 par la police autoroutière du Schleswig-Holstein", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police allemande. "Il est maintenant sous la garde de la police", a-t-il ajouté, précisant avoir agi dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen.


"Cela s'est passé au moment où il franchissait la frontière germano-danoise"

L'arrestation de M. Puigdemont avait d'abord été confirmée, Anna Grabalosa, porte-parole de son parti. "Cela s'est passé au moment où il franchissait la frontière germano-danoise. Il a été bien traité et ses avocats sont là-bas. C'est tout ce que je peux dire", a-t-elle déclaré. M. Puigdemont a été arrêté deux jours après que le juge de la Cour suprême espagnole Pablo Llarena eut confirmé des poursuites pour "rébellion" contre 13 indépendantistes catalans, dont Carles Puigdemont, et émis ou réactivé des mandats d'arrêt européens et internationaux contre six dirigeants indépendantistes catalans partis à l'étranger. Cette infraction est passible de 30 ans de prison. Le juge a notamment accusé M. Puigdemont d'avoir organisé le référendum d'autodétermination du 1er octobre malgré son interdiction et "le grave risque d'incidents violents".

L'avocat de M. Puigdemont, Jaume Alonso Cuevillas, a précisé sur Twitter que son client avait été interpellé alors qu'il rentrait en Belgique après un séjour en Finlande. Il s'y était rendu jeudi et vendredi pour y rencontrer des parlementaires et participer à un séminaire à l'université d'Helsinki.


Les autorités judiciaires allemandes vont-elle exécuter le mandat d'arrêt européen ?

Après la réactivation des mandats d'arrêt européens, "on a directement pris contact avec le procureur en Belgique, en envoyant un mail, en téléphonant, en disant qu’on était à la disposition de la justice belge, comme on l’était déjà au mois de novembre de l’année passée, a explique Maître Christophe Marchand, l'un des avocats belges de Carles Puigdemont, au micro de RTLINFO. Entretemps, le président était en Finlande. Il est revenu en voiture et s’est fait arrêter à la frontière allemande, dans un petit village qui dépend de la cour d’appel d’Hambourg, donc il y aura sans doute un procès là-bas, pour voir si l’Allemagne va exécuter le mandat d’arrêt européen. Tout dépendra de la réaction des autorités judiciaires allemandes. Elles pourraient ne pas exécuter directement le mandat d’arrêt européen. Cela voudrait dire que le président pourrait revenir en Belgique puisqu’il s’est établi à Waterloo. Il pourrait être remis en liberté sous conditions, il pourrait être placé en détention. On va voir dans les heures qui viennent ce qui va se produire."

En attendant, un avocat a été trouvé sur place pour aller voir Carles Puigdemont. "Et on a envoyé un avocat qui va aller rejoindre l’équipe allemande qu’on est occupé à mettre sur pied, parce qu’il y a une cohérence dans la défense qui est que ces mandats d’arrêt sont complètement arbitraires et vont à l’encontre des valeurs européennes. Ce sont des opposants politiques qui, pour leurs idées, sont mis en prison."


Le juge Llarena reproche à l'ancien exécutif catalan d'avoir ignoré "les déclarations répétées d'inconstitutionnalité et de nullité"

La police finlandaise avait fait savoir samedi qu'elle était prête à l'arrêter. Mais dans la soirée, un député finlandais qui avait organisé sa visite dans le pays, Mikko Karna, a affirmé que le leader indépendantiste avait quitté le territoire dès vendredi soir pour la Belgique. Carles Puigdemont s'était déjà rendu au Danemark en janvier sans être inquiété, ainsi qu'en Suisse en mars. Le juge Llarena reproche à l'ancien exécutif catalan d'avoir ignoré "les déclarations répétées d'inconstitutionnalité et de nullité", et évoqué particulièrement une manifestation tendue, dix jours avant le référendum interdit, où des milliers de militants séparatistes ont assiégé pendant plusieurs heures un bâtiment public où la garde civile menait une perquisition.

Le magistrat estime alors que les dirigeants catalans "savaient que ce type d'agissement était indispensable pour mener à bien un référendum interdit par les tribunaux, dont dépendait la déclaration d'indépendance".


Le chef d'accusation de "rébellion" est très controversé

Pour autant, le chef d'accusation de "rébellion" est très controversé, car il suppose un "soulèvement violent" qui, selon de nombreux juristes, ne s'est jamais produit. Vendredi, le magistrat a également envoyé en détention préventive cinq indépendantistes dont Jordi Turull, candidat à la présidence de la Generalitat (exécutif catalan), plongeant encore un peu plus la Catalogne dans l'impasse politique. Vendredi soir, 37 personnes ont été légèrement blessées dans les rues de Barcelone lors de manifestations contre la décision du magistrat. Après l'incarcération de M. Turull, le parlement a ajourné la séance de désignation du nouveau chef de l'exécutif. C'est la troisième fois que les indépendantistes, qui disposent de la majorité absolue au parlement, échouent à faire investir un nouveau président pour la Catalogne en raison de décisions de justice, après Carles Puigdemont et l'activiste Jordi Sanchez, incarcéré. S'ils n'y arrivent pas avant le 22 mai, de nouvelles élections seront automatiquement convoquées. Et tant qu'un président régional ne sera pas désigné, la Catalogne restera sous la tutelle de Madrid, qui a pris cette mesure après la déclaration d'indépendance mort-née du 27 octobre.

À lire aussi

Sélectionné pour vous