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La Suisse dit non au soutien des "vaches à cornes"

Les Suisses ont choisi de dire non dimanche au référendum d'initiative populaire baptisé "vaches à cornes", qui visait à accorder des subventions aux éleveurs décidant de préserver les cornes de leur bétail.

Ce texte était soumis à l'approbation des électeurs de la Confédération helvétique à l'initiative d'Armin Capaul, un éleveur écologiste devenu star médiatique, qui était parvenu à réunir plus que les 100.000 signatures nécessaires à l'organisation d'un scrutin.

Mais il n'a en définitive recueilli que 45,28% de voix favorables, selon les résultats définitifs.

"Ce n'est pas une défaite amère", a commenté sur la RTS celui que le quotidien suisse le Temps a surnommé le "Punk à vaches". "J'ai sensibilisé les gens à la souffrance des animaux et j'ai mis les vaches dans le cœur des gens", s'est-il réjoui, se disant prêt à continuer son combat en faveur des animaux.

Casquette gavroche ou bonnet sur la tête, M. Capaul, petit éleveur d'une vallée proche de Moutier, dans le Jura suisse (nord-ouest), a depuis plusieurs mois multiplié les interventions médiatiques pour défendre le bien-être animal.

"Je discute toujours avec mes vaches dans l'étable", avait-il raconté à l'AFP il y a quelques semaines. "Elles m'ont demandé si je pouvais faire quelque chose (...), si je pouvais les aider à garder leurs cornes et là je me suis dit qu'elles avaient raison, que d'une façon ou d'une autre, quelqu'un devait faire quelque chose".

Paradoxalement, les villes suisses ont plus voté en faveur de son initiative que les campagnes. "Dans les villes, ils ont encore du cœur, dans les campagnes, ils ne pensent qu'à l'argent", a commenté M. Capaul.

Ce dimanche, les Suisses étaient appelés à se prononcer sur deux autres initiatives.

Ils ont ainsi voté en faveur d'un texte proposant un renforcement des capacités de surveillance des assurances santé pour empêcher les fraudes, et ont rejeté une troisième initiative visant à imposer la suprématie de la Constitution suisse sur les traités internationaux signés par la Confédération.

- "Monter la Suisse contre l'étranger" -

Dans le premier cas, 64,68% des électeurs helvétiques, selon les résultats définitifs, ont voté en faveur du texte de loi intitulé "base légale pour la surveillance des assurés", proposé en mars par le Conseil fédéral (gouvernement) et qui prévoit une extension des prérogatives des assurances pour se prémunir contre les resquilleurs, et notamment la possibilité d'"observations secrètes" dans le cas d'"indices concrets de perceptions indues".

"Ce que les Suisses ont voulu démontrer c'est que la solidarité sociale, c'est très important mais qu'on doit se sentir absolument responsable", a déclaré sur la RTS Benjamin Roduit, du Parti Démocrate-chrétien (PDC), un des chefs de file de la campagne en faveur du oui à l'initiative sur la surveillance des assurés.

Le troisième texte soumis au référendum dimanche, baptisé "le droit suisse au lieu des juges étrangers (initiative pour l'autodétermination)" qui prévoyait d'adapter voire de dénoncer les "obligations de droit international" si elles n'étaient pas conformes à la Constitution helvétique, était proposé par le premier parti du pays, l'UDC (Union démocratique du centre, droite populiste). Il n'a recueilli que 33,75% de votes favorables.

"C'est une grosse défaite", a admis Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC sur RTS. "Il faut savoir gagner avec modestie et perdre avec le sourire, c'est une occasion perdue, nous devons en prendre acte et continuer à nous battre, c'était clairement une mauvaise campagne", a-t-elle ajouté.

La représentante suisse d'Amnesty International, Manon Schick, qui comme beaucoup d'ONG avait activement fait campagne pour le non, s'est dite satisfaite car cette initiative visait "à mettre en péril le droit international en Suisse" et à "vouloir forcer la Suisse à quitter la Convention européenne des droits de l'homme".

"Les Suisses sont fatigués de ces initiatives populistes visant à monter les gens les uns contre les autres, à monter la Suisse contre l'étranger", a de son côté estimé le parlementaire socialiste Roger Nordmann.

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