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Pédophilie au Chili: le pape reconnaît de "graves erreurs" d'appréciation

Le pape François a reconnu mercredi avoir commis "de graves erreurs" d'appréciation de la situation au Chili, après avoir lu les conclusions d'une enquête sur des abus sexuels commis par le clergé.

Dans une lettre aux évêques chiliens, diffusée mercredi soir par le Saint-Siège, le pape argentin indique aussi souhaiter les convoquer prochainement à Rome pour discuter des conclusions de l'enquête qu'il avait diligentée.

Le compte-rendu transmis au pape comprend 2.300 pages et les témoignages de 64 personnes, recueillis à New York et à Santiago du Chili.

Au cours d'un voyage au Chili du 15 au 18 janvier, le pape avait défendu avec force l'évêque chilien Juan Barros, soupçonné d'avoir tu les crimes d'un vieux prêtre pédophile, se déclarant persuadé de son innocence et demandant aux victimes présumées des preuves de culpabilité.

Il avait ensuite présenté des excuses pour ses propos maladroits dans l'avion qui le ramenait à Rome, puis dépêché au Chili un enquêteur renommé du Vatican pour recueillir des témoignages de victimes présumés.

Dans sa lettre aux 32 évêques chiliens diffusée mercredi le pape François ne fait toutefois aucune mention spécifique du cas de l'évêque Juan Barros.

"En ce qui me concerne, je reconnais (...) que j'ai commis de graves erreurs dans l'évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d'un manque d'informations véridiques et équilibrées", écrit le pape, dans ce long mea culpa en espagnol.

En prenant connaissance du compte-rendu d'enquête, portant sur "des abus de pouvoir" et "des abus sexuels sur mineurs" commis par des membres du clergé, le pape dit s'être senti "submergé par la douleur".

François évoque "beaucoup de vies crucifiées" dans les témoignages recueillis, qui lui ont inspiré "douleur et honte".

- Le pape demande "pardon" -

Il demande "pardon" à ceux qui se sont sentis offensées et dit espérer rencontrer "dans les prochaines semaines" des représentants des personnes interrogées.

Aux évêques chiliens qui seront convoqués à Rome pour discuter des conclusions de l'enquête le souverain pontife demande "collaboration et assistance". L'objectif est de trouver des mesures à court, moyen et long terme pouvant "réparer dans la mesure du possible le scandale et rétablir la justice"

"Les difficultés présentes sont aussi une occasion de rétablir la confiance dans l’Église, une confiance brisée par nos erreurs et péchés", souligne le pape.

Le pape François avait décidé fin janvier d'envoyer au Chili Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte.

Ce prélat a été pendant dix ans (jusqu'en 2012) le "promoteur de justice" (procureur) du tribunal du Vatican chargé d'enquêter sur les cas de pédophilie chez les prêtres, se forgeant un nom pour son combat déterminé.

Ce Maltais né au Canada a permis notamment l'ouverture d'une enquête sur le père Marcial Maciel, fondateur mexicain de la congrégation des Légionnaires du Christ et auteur de nombreux cas de pédophilie.

En janvier 2015, le pape François avait pris la décision de nommer Mgr Juan Barros, âgé aujourd'hui de 61 ans, à la tête du diocèse d'Osorno (sud), bien qu'il soit soupçonné d'avoir caché les actes pédophiles du père Fernando Karadima.

Cet ancien formateur octogénaire de prêtres a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence.

Des victimes de Fernando Karadima ont toutefois accusé Juan Barros d'avoir assisté à certains actes de pédophilie sans les dénoncer.

L'omniprésence de Mgr Barros aux messes publiques célébrées par le pape dans trois villes différentes du Chili avait soulevé un tollé dans l'opinion publique du pays en janvier.

Au Chili, le pape avait exprimé publiquement sa "honte" pour les actes d'abus sexuels du clergé et rencontré deux victimes. Mais son message avait ensuite été totalement brouillé par sa défense de Mgr Barros.

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