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Des stars, des monuments du 7e art, la flamme olympique, un cinéaste iranien en exil attendu et un contexte explosif : Cannes se prépare à accueillir son festival de cinéma au rayonnement international, sur lequel planent des rumeurs en lien avec #MeToo.
Ce lundi 13 mai, à la veille de l'ouverture du festival de Cannes, des dizaines d'amateurs du 7e art ont installé leurs escabeaux face au tapis rouge de la montée des marches, dans l'espoir de décrocher selfies et dédicaces : "C'est magique parce qu’on voit quand même nos artistes favoris, nos acteurs"
"Je viens là depuis 25 - 30 ans parce que j'adore les acteurs, j'adore le cinéma et je vis mon rêve de gosse. Je fais 15 jours là, du matin jusqu'au soir. Souvent jusqu'à minuit parce que des fois à minuit, il y a des super montées (des marches, ndlr). Peut-être que Kevin Costner, enfin les grosses pointures, vont monter vers minuit donc tant pis, je resterai jusqu'à minuit !", confie Martine Santoro. Chaque année, la retraitée s'amuse à customiser son escabeau.
Chantal Labory, une commerçante retraitée, explique faire le festival depuis 1990 : "Au départ, il n'y avait pas d'échelles. Petit à petit, on a pris des petites marches, après des grands, et on s’est installés".
Pour Matteo, 24 ans, son rêve est d'avoir des selfies avec des stars : "Si je ne peux pas avoir de selfies, j'ai préparé des photos dédicacées à faire". "C'est magique parce qu’on voit quand même nos artistes favoris, nos acteurs, des fois des mannequins, des chanteurs. Un peu de tout genre. Et c'est vrai qu'on peut les voir qu’ici", ajoute-t-il.
Femmes puissantes
Mardi soir, au Palais des Festivals, "il va y avoir des prises de paroles de personnalités fortes, puissantes, des femmes puissantes qui vont, elles aussi, porter une parole et qui sont des invitées importantes de cette cérémonie et de ce festival", a dévoilé la maîtresse de cérémonie, l'actrice Camille Cottin.
Le sujet des violences sexuelles sera abordé de front lors de cette édition, avec la venue mercredi de Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo en France. La comédienne, qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court-métrage. "Moi aussi" est réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
Avant cela, l'actrice s'est jointe lundi à un rassemblement de 100 à 200 personnes devant le Centre national du cinéma (CNC) à Paris pour réclamer le départ de son président Dominique Boutonnat, qui doit être jugé en juin pour agression sexuelle. "Les hommes doivent accompagner les femmes" dans le mouvement #MeToo au cinéma, a estimé lundi sur France Inter l'acteur Vincent Lindon, tout en appelant à instaurer plus de "calme" et de "nuance" face aux rumeurs. Il est à l'affiche du film d'ouverture "Le deuxième acte" de Quentin Dupieux, qui sortira en salles en même temps.
Le Festival de Cannes sera politique. Le célèbre cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, dont le dernier film doit être projeté sur La Croisette, a annoncé lundi sur Instagram avoir quitté l'Iran, après avoir été condamné mercredi à une peine de cinq ans de prison dans son pays. "Je suis reconnaissant envers mes amis, mes connaissances et les gens qui m'ont aidé, parfois au péril de leur vie, à franchir la frontière et me mettre en sécurité", écrit le réalisateur. Tout Cannes l'attend désormais.
Sur le plan social aussi, l'édition 2024 pourrait être agitée. Un collectif, rassemblant des attachées de presse, projectionnistes, chargés de billetterie et autres travailleurs du cinéma, appelle à une grève. Ils demandent à bénéficier du statut d'intermittents du spectacle et ont reçu le soutien d'acteurs comme Louis Garrel et Swann Arlaud. Le Festival s'est dit prêt au dialogue.