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Foot féminin: France, Canada, Espagne... vent de révolte à quatre mois du Mondial

Pour dénoncer les méthodes managériales, les moyens alloués à leur discipline ou l'inégalité de traitement avec les hommes, les joueuses de plusieurs sélections majeures ont élevé la voix ces dernières semaines, un "sacrifice" qui commence à payer à quatre mois du Mondial.

La fronde des joueuses cadres de l'équipe de France, emmenée par leur capitaine Wendie Renard, pour obtenir jeudi le départ de leur sélectionneuse Corinne Diacre, n'est que l'ultime vague d'un mouvement beaucoup plus global.

Ces derniers mois, les internationales canadiennes sont en effet montées au créneau, menaçant leur fédération d'une grève si elles n'obtenaient pas une revalorisation des budgets alloués à leur sélection.

Et depuis la fin du mois de septembre, une quinzaine d'Espagnoles se sont mises en retrait de la sélection nationale, réclamant le départ de leur sélectionneur Jorge Vilda... Sans succès pour le moment.

"Qu'il s'agisse de leurs conditions financières, de l'environnement technique, du manque de structures professionnelles dans leurs fédérations ou leur ligues, tout cela ne correspond pas à ce que les joueuses demandent ou produisent sur le terrain, ni à la croissance de leur sport", s'alarme Jonas Baer-Hoffmann, le secrétaire général du syndicat mondial des joueurs (Fifpro).

"Aucune joueuse ne devrait faire le sacrifice d'une partie de sa carrière pour obtenir ce qu'elles demandent", reprend le dirigeant, interrogé par l'AFP.

- Un Mondial sans plusieurs stars ? -

Françaises, Canadiennes et Espagnoles ne sont pas les premières à taper du poing sur la table pour demander plus de considération. Premier Ballon d'Or féminin de l'histoire, la Norvégienne Ada Hegerberg s'était mise en retrait pendant cinq ans de la sélection, après un Euro-2017 décevant, évoquant également les inégalités femmes/hommes dans les primes versées par la fédération.

Et la très médiatique équipe américaine, emmenée par son ancienne buteuse vedette Carli Lloyd puis plus récemment par Megan Rapinoe et Alex Morgan, avait allumé la première mèche dès 2016 en se lançant dans un long combat judiciaire pour l'égalité salariale.

Rapinoe et Morgan ont d'ailleurs rapidement soutenu les frondeuses françaises sur les réseaux sociaux. "Vous savez que c'est grave quand la capitaine la plus capée ne peut plus jouer pour la Fédération française", avait réagi Alex Morgan peu après la mise en retrait de la Lyonnaise.

La concomitance des mouvements de rébellion interroge à quatre mois et demi d'un Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août. D'autant plus que les droits de diffusion ne sont toujours pas attribués pour quelques pays majeurs, comme la France et l'Angleterre.

L'hypothèse d'une Coupe du monde privée de quelques stars de la discipline "est un vrai risque", s'inquiète Jonas Baer-Hoffmann. "Nous espérons que les décisionnaires ne le ressentiront pas comme un bras de fer mais verront que les protestations interviennent dans le cadre d'une profonde envie de faire progresser la discipline".

- Equipe bis en Espagne -

Au Canada et en France, les rebelles ont été entendues: Corinne Diacre a été débarquée jeudi, tandis que le président de la Fédération canadienne Nick Bontis a démissionné. Cette fédération a par ailleurs annoncé jeudi un accord de principe pour le financement de l'équipe nationale féminine.

Mais dans les deux cas, la révolte a causé des dégâts. La capitaine canadienne Christine Sinclair a affirmé jeudi, devant le gouvernement, s'être sentie "insultée comme jamais auparavant" par l'ex-président Nick Bontis dans ses demandes d'égalité financière. Quant à Wendie Renard, elle a évoqué des conséquences sur sa "santé mentale".

Pour les frondeuses de l'équipe espagnole, l'horizon est encore plus sombre: la Fédération est restée inflexible et a soutenu le sélectionneur Jorge Vilda, toujours en poste. Celui-ci a convoqué une équipe bis lors de chaque rassemblement depuis l'automne, même si la meilleure buteuse de la sélection Jenni Hermoso a fait son retour en février.

L'incertitude demeure autour de la star de l'équipe Alexia Putellas, blessée depuis l'été dernier. La double Ballon d'Or en titre ne fait pas partie des quinze frondeuses initiales mais les avait soutenues. Sera-t-elle convoquée à son retour de blessure ?

"C'est un problème qui se généralise: les joueuses n'ont pas la possibilité de donner le meilleur d'elles-mêmes. On doit se battre au quotidien pour des améliorations sur ce genre de choses", a pesté la Catalane dans un entretien à beIN Sports cette semaine. "Certaines sélections ont réussi (ce combat) il y a quelque temps, d'autres un peu plus tard, mais au final, la même question se répète tout le temps".

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