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Mondial-2018: dans l'ex-club de Ronaldo, l'espoir des footballeurs en herbe

C'est dans le modeste club de football de Sao Cristovao que Ronaldo, "O Fenomeno", a commencé sa carrière et où, un quart de siècle plus tard, le directeur sportif Antonio Carlos Dias rêve toujours de découvrir le futur crack du Brésil.

A en juger depuis les gradins décrépits du stade situé dans un faubourg peu attirant de Rio de Janeiro, il y a du chemin à faire.

Le double lauréat du Ballon d'or (1997 et 2002) a joué la dernière fois pour Sao Cristovao, alors qu'il était adolescent dans le début des années 1990. Depuis le club périclite.

"O Fenomeno est né ici", peut-on lire en grosses lettres derrière les buts. En réalité, il s'agit d'un terrain tout cabossé, d'un club-house qui a sérieusement besoin d'être repeint et d'une équipe coincée en troisième division de l'Etat de Rio.

Mais nous sommes au Brésil. Le pays de Pelé, Zico, Socrates et Kaka, et de leur héritier Neymar, s'il est remis à temps pour le Mondial-2018.

C'est donc un pays où même le très modeste club de Sao Cristovao peut rêver.

"Nous avons beaucoup de stars au Brésil", dit Dias, tout en regardant les 12-14 ans se faire des passes à toute allure sur l'herbe pelée. "La réserve est potentiellement inépuisable."

- 'Nés avec' -

Comme leurs héros, presque tous les enfants s'entraînant à Sao Cristovao viennent des favelas, ces quartiers déshérités et le plus souvent violents de Rio où le sport est l'une des rares échappatoires.

"Certains sont perdus à cause de leur environnement -- le trafic de drogue, l'argent facile", explique Dias. Beaucoup arrivent à l'entraînement l'estomac presque vide.

Mais le club les prend sous son aile et "on part à la pêche pour attraper celui qui pourrait percer".

Ronaldo lui-même est né dans la pauvreté à Rio, avant de remporter deux Coupes du monde et de faire rêver les foules sous les maillots du PSV d'Eindhoven, Barça, Real Madrid ou Milan AC. Les garçons qui courent sur le terrain de Sao Cristovao l'aiment toujours.

"Je veux être comme Neymar ou Ronaldo, faire partir de la Seleçao", lance Mauricio Almeida, 15 ans, qui porte un maillot de Sao Cristovao floqué: "Fabrique du Phénomène".

A 56 ans, l'entraîneur des jeunes, Renato Campos, se souvient de Ronaldo adolescent, avec ses dents du bonheur. Il explique que ce n'est pas facile de déceler le potentiel d'un futur champion. "On n'aurait pas vraiment pu dire qu'il deviendrait le meilleur joueur du monde".

Il fixe du regard un garçon petit mais très agile qui ne cesse de dribbler des enfants plus grands que lui. "Pratiquement aucun espoir" sur le marché international à cause de sa taille, analyse Campos, "mais il se débrouillera bien au Brésil".

"Ce qui fait la différence c'est la qualité de leur toucher de balle, de leurs passes, leur détermination", explique-t-il. "Certains sont nés avec".

- 'Gloire passée' -

Même si le Brésil paraît fournir des stars sans effort, le football est handicapé, comme tant d'autres choses dans ce pays, par le manque de financement et la corruption.

Sao Cristovao en est une parfaite illustration. Le club fondé en 1898 a eu son heure de gloire dans les années 30 et la salle des trophées ressemble à une caverne d'Ali Baba avec toutes ses coupes dorées et argentées. Mais la photo de la dernière visite de Ronaldo a perdu ses couleurs. Elle date de janvier 2014.

Pour Dias, c'est la mauvaise gestion du club qui l'a perdu. Et dissuadé Ronaldo de revenir aider le club de son enfance.

Pourtant le dirigeant de 49 ans croit qu'il peut renouer avec la "gloire passée" et prouver aux investisseurs -- et idéalement à Ronaldo -- que le club est désormais "débarrassé de la corruption", avance-t-il sans vouloir entrer dans les détails des errements d'autrefois.

Cet ancien footballeur professionnel au Brésil et au Portugal a repris Sao Cristovao il y a seulement trois mois. Il y a investi son propre argent, remodelé le staff technique, acheté des équipements. Il vise l'accession en 2e division, puis en 1ère en 2020.

"Parfois ma famille me dit que je suis fou", rit-il, "mais j'aime ce club et j'aime le football."

Et quand on demande à Jorge Gabriel, qui s'entraîne, à 14 ans, dans le club décrépit, ce que Sao Cristovao signifie pour lui, il répond: "Tout, en fait".

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