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Avec un bilan de 10-0 pour six KO, Bakary Samaké affiche déjà un solide C.V. dans le ring. Samedi, il remet les gants pour tenter de s'emparer de la ceinture IBF junior des super-welters, à seulement 19 ans: un parcours aussi fulgurant qu'atypique.
"C'est de famille", raconte à l'AFP le jeune boxeur français, professionnel depuis ses 17 ans, dans les bureaux de la salle Jean-Marc Mormeck de Torcy (Seine-et-Marne) où il s'entraîne. "Mon père était boxeur, du coup j'ai voulu faire de la boxe aussi. Je prenais les gants, ça m'amusait, donc il m'a ramené à la salle. J'avais huit ans et j'ai très vite accroché."
Onze ans après, Bakary Samaké se prépare déjà à disputer le onzième combat professionnel de sa carrière. Ce sera samedi soir à Gagny, en Seine-Saint-Denis, la ville où il vit depuis son enfance. Il défiera en dix rounds l'Argentin Lucas Bastida pour un titre mondial junior.
Au programme des derniers entraînements avant son combat de samedi: réveil musculaire, shadow-boxing, pattes d'ours, sac de frappe... "Histoire d'être toujours éveillé", explique son père Issa Samaké, lui-même fils et neveu de boxeur, qui est également son entraîneur.
- "Instinctif" -
L'ascension a été expéditive pour l'ancien enfant tout chétif et peu sociable. "J'étais réservé on va dire, et la boxe m'a permis de m'exprimer, entre guillemets", développe-t-il. "C'est vraiment la sensation d'être dans le ring qui me plaît. Toi et l'adversaire, c'est instinctif."
Dès ses débuts, son potentiel semble évident. "Il bougeait bien, il était pas mal. Il avait un truc qui me disait: +cet enfant finira champion+", se remémore Issa Samaké.
"C'était fait pour lui", résume-t-il.
A 19 ans, un âge où la plupart des boxeurs français s'aguerrissent dans le milieu amateur dans l'espoir de disputer les Jeux olympiques, Samaké s'apprête déjà à briguer un troisième titre en professionnel, après avoir décroché la ceinture "IBO Méditerranée" en juin 2022 et celle de champion du... Luxembourg en novembre 2021.
Car pour ses débuts chez les pros, le jeune homme s'est heurté à la législation en vigueur en France qui interdit les combats professionnels aux moins de 18 ans. Pour ses premières sorties, le boxeur encore mineur a donc dû s'expatrier du côté du Grand-Duché et de la Belgique.
Un passage chez les pros au-delà des frontières précipité par la pandémie, explique le père-entraîneur.
"Le Covid nous a déroutés", détaille-t-il. "L'espoir de faire les JO-2024 était devenu impossible. Pour faire les JO, il faut avoir une certaine expérience en boxe olympique et vu que le Covid est arrivé, en junior, il n'y avait plus rien. Donc le Covid nous a dirigés vers la boxe professionnelle."
"J'ai vu qu'il était prêt, mais comme en France, la loi interdit le passage en pro pour les mineurs, je me suis dirigé vers la fédération luxembourgeoise qui elle m'a autorisé à ce qu'il passe professionnel."
- "Un beau bébé" -
Au fil des années, des entraînements, des voyages et des victoires, les deux hommes ont développé une relation particulière. "Ce n'est pas toujours facile", avoue Issa. "Mais ça vaut la peine d'être vécu, c'est une belle aventure de partager une passion avec son enfant. Beaucoup aimeraient avoir cette chance, nous on l'a. Les années passent vite et après on aura que des bons souvenirs."
Cette trajectoire inhabituelle doit le mener à viser un titre de champion du monde dans les années à venir, assument le père et le fils. Il faut dire qu'à 19 ans, Bakary Samaké dispose encore d'une importante marge de progression, tant au niveau technique que physique.
"Avant j'étais très maigre, mais quand j'ai commencé ma préparation pour passer pro, on a commencé l'entraînement physique et j'ai vu en quelques mois mon corps commencer à changer", décrit-il.
"C'est déjà un beau bébé, donc imaginez dans 3-4 ans ce qu'il pourra faire", sourit le père.