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Dans le sillage de l’affaire impliquant l’heptathlonienne Nafi Thiam, l’athlète Hanne Maudens témoigne ce mardi dans Dag Allemaal des abus subis pendant des années de la part de son ex-entraîneur. Dans l’interview, elle ne parle pas seulement de violence verbale et d’humiliation, mais aussi de comportements sexuels inappropriés. L’athlète affirme également que la fédération flamande d’athlétisme était au courant, mais qu’elle a « étouffé l’affaire ».
En 2021, elle s’est encore qualifiée pour les Jeux olympiques de Tokyo et devait normalement participer à la compétition d’heptathlon, tout comme Nafi Thiam. Surprise, Maudens a soudainement choisi de renoncer au concours général et de ne s’aligner que sur le 400 mètres. L’explication officielle ? Le stress, une blessure et l’épuisement.
Mais dans un entretien accordé à Dag Allemaal, Hanne Maudens donne une autre explication. « J’ai été victime d’un comportement inapproprié de la part de mon ex-entraîneur, un grand nom du monde de l’athlétisme belge », dit-elle. « La fédération d’athlétisme est au courant, mais a choisi de garder le silence ».
La fédération silencieuse
Selon elle, ses plaintes ont été rejetées. « La fédération n’est pas affiliée au Tribunal des sports, un organisme qui regroupe les plaintes relatives au dopage, au genre et aux comportements transgressifs. Elle n’a donc pas à répondre et a donc étouffé mon témoignage. »
J’ai refoulé ces « moments de massage »
Dans son interview, l’athlète belge évoque non seulement les agressions verbales et les humiliations, mais aussi les comportements physiques transfrontaliers, en particulier lors des « moments de massage ». À l’époque d’un stage en Afrique du Sud, l’entraineur se serait chargé lui-même de réaliser les traitements kiné de Hanne Maudens. « Depuis ce jour, je vis pratiquement par fragments et j’ai refoulé ces « moments de massage ». Grâce à la thérapie traumatique, les détails émergent peu à peu », peut-on lire.
Le président de la Ligue flamande d’athlétisme Gery Follens, a confirmé à Belga que l’organisation avait reçu une plainte de l’athlète. Il précise que le dossier a été examiné par le parquet indépendant de la Ligue et classé sans suite, car «il n’y avait pas assez d’éléments pour aller plus loin». Il nie que l’affaire ait été passée sous silence et affirme que la fédération a fourni toutes les informations à la police.
Je demande à tous les athlètes ayant rencontré des problèmes de me contacter afin de pouvoir les écouter et agir en conséquence
Le parquet du Limbourg a confirmé mardi que l’ancien entraîneur de Hanne Maudens faisait l’objet d’une information judiciaire depuis plus d’un an et évoque une «potentielle atteinte à l’intégrité sexuelle dans une position d’autorité». L’enquête a été ouverte à la suite d’une plainte déposée à la police. Elle est actuellement menée par la Police judiciaire fédérale (PJF) du Limbourg, sous la direction du parquet limbourgeois.
La présidente de la Ligue belge francophone d’athlétisme (LBFA), Jessica Mayon, s’est dite «choquée et scandalisée» dans un communiqué en réaction aux révélations de la sportive. «Je demande à tous les athlètes ayant rencontré des problèmes de me contacter afin de pouvoir les écouter et agir en conséquence», indique-t-elle encore. Mme Mayon précise qu’elle n’était pas en fonction à la fédération à l’époque et n’avait pas connaissance du dossier jusqu’à «la lecture de la presse du jour».
« Un modèle d’abus de pouvoir »
Entre-temps, Groen demande une enquête indépendante sur la question. Le député flamand Bogdan Vanden Berghe souhaite que la ministre flamande des sports, Annick De Ridder, commande une enquête sur le fonctionnement de Belgian Athletics « en accordant une attention particulière au climat d’intimidation et à la culture de la peur, au rôle des entraîneurs et des superviseurs dans le comportement transfrontalier, aux procédures de sélection et à la manière dont les athlètes sont exclus, ainsi qu’au traitement des plaintes et des rapports ».
« Il ne s’agit pas d’un incident, mais d’un modèle. En effet, les allégations de Hanne Maudens confirment un modèle d’intimidation et d’abus de pouvoir au sein de l’athlétisme belge », estime M. Vanden Berghe.
