Partager:
Première alerte pour Remco Evenepoel: le Belge a lâché 14 secondes à Primoz Roglic qui est passé à l'attaque samedi dans la 8e étape du Tour d'Italie remportée à Fossombrone par l'Irlandais Ben Healy au bout d'une chevauchée fantastique de plus de 50 km.
A la veille du deuxième contre-la-montre, Evenepoel a donné des premiers signes de faiblesses dans ce Giro. Incapable de suivre l'accélération de son grand rival slovène dans la dernière ascension du Cappuccini, le champion du monde a essayé de revenir au train mais n'a jamais réussi à combler l'écart.
Pire, il a fini par être lâché aussi par les deux coureurs britanniques d'Ineos, Tao Geoghegan Hart et Geraint Thomas, qui ont rejoint Roglic dans la descente vers Fossombrone où le trio a franchi la ligne avec 14 secondes d'avance sur le petit groupe d'Evenepoel et de Joao Almeida.
Au final les dégâts restent limités au classement général, toujours emmené par le Norvégien Andreas Leknessund qui est parvenu à conserver, sans doute pour la dernière fois, le maillot rose, avec 8 secondes d'avance sur Evenepoel et 38 sur Roglic.
"Il n'y a aucune raison de paniquer", a commenté Evenepoel. "Je n'étais pas dans un grand jour, sinon j'aurais réussi à suivre Roglic. Heureusement je garde trente secondes d'avance sur lui et j'espère pouvoir creuser l'écart demain (dimanche)."
Après sa démonstration dans le prologue samedi dernier, le Belge reste le favori du chrono de 35 km vers Cesena. Surtout que le tracé est plat comme une limande et que l'Italien Filippo Ganna, concurrent potentiel, a quitté le Giro samedi, positif au Covid-19.
Mais un léger doute s'est tout de même installé alors que le Flamand de 23 ans, malgré sa double chute mercredi, avait impressionné par sa maîtrise jusque-là.
- L'hélicoptère de la discorde -
Sa journée a aussi été marquée par une polémique autour de l'utilisation d'un hélicoptère par son équipe Soudal-Quick Step la veille pour regagner l'hôtel depuis le sommet du Gran Sasso d'Italia, alors que la plupart des formations sont descendues en télécabine.
Dans un communiqué, l'Union cycliste internationale (UCI) a déploré "une absence totale d'équité sportive" et une entorse "au principe de la minimisation de l'empreinte carbone rappelé dans le cahier des charges des organisateurs" et a menacé de prendre des sanctions.
La journée de Ben Healy a été bien plus radieuse.
Révélation du printemps, le jeune Irlandais de 22 ans, à l'allure d'étudiant des beaux-arts, a réalisé un numéro impressionnant à la manière d'un Tadej Pogacar pour mener à bout un raid en solo de plus de 50 kilomètres.
Fidèle à son tempérament de grand attaquant, le coureur d'EF Education a planté ses douze compagnons d'échappée dans la première ascension du Cappuccini. Déchaîné dans le final accidenté, il a creusé l'écart pour s'imposer avec 1 min 49 sec d'avance devant le Canadien Derek Gee, l'Italien Filippo Zana et le Français Warren Barguil.
"Lorsque j'ai accéléré, je voulais faire une première sélection mais personne ne m'a suivi. Je savais que j'étais capable de le faire seul. Alors je suis parti", a commenté Healy.
Il signe la plus belle victoire de sa carrière, après une campagne des classiques déjà remarquable avec des deuxièmes places à la Flèche brabançonne et à l'Amstel Gold Race et une quatrième place à Liège-Bastogne-Liège.
"Je me surprends moi-même", a rigolé l'Irlandais à la barbichette et aux cheveux mi-longs qui continue d'impressionner pour sa première participation à un grand Tour.
Côté Français, Warren Barguil entre dans le Top 20 (20e à 3:20 du maillot rose) grâce à cette nouvelle place d'honneur. Aurélien Paret-Peintre et Thibaut Pinot, qui n'ont pas réussi à suivre les meilleurs dans le final, reculent en revanche de plusieurs places au général et figurent désormais au 7e (à 58 sec) et 18e rang (à 3:01), contrairement à Pavel Sivakov (12e à 2:03), arrivé dans le même groupe que Remco Evenepoel.