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Le Parlement autrichien a durci vendredi la législation anticorruption pour tenter d'assainir la vie politique, entachée par plusieurs scandales qui ont provoqué ces dernières années la chute de responsables politiques, dont l'ancien chancelier Sebastian Kurz.
Selon ce nouveau texte qui entre en vigueur en septembre, les responsables politiques pourront faire l'objet de poursuites judiciaires même si le délit est intervenu avant leur prise de fonction, autrement dit s'ils acceptent ou sollicitent des pots-de-vin pendant la campagne électorale.
La loi prévoit aussi des sanctions plus lourdes.
Le gouvernement espère ainsi "mettre un coup d'arrêt à la corruption", selon un communiqué, alors que la ministre de la Justice Alma Zadic a évoqué "un poison pour la démocratie".
L'organisation anticorruption Transparency International a salué le fait que l'Autriche "commence enfin à bouger". Mais elle a estimé que la réforme n'allait pas assez loin en n'interdisant pas les dons à une organisation proche d'un parti, ce qui peut conduire à des affaires de favoritisme.
Le pays alpin de 9 millions d'habitants, où les ONG dénoncent un capitalisme de connivence favorisé par la proximité entre les élus et le secteur privé, a découvert de nombreux cas de corruption présumée à la suite du scandale de l'Ibizagate.
La diffusion en 2019 d'une vidéo tournée en caméra cachée sur l'île espagnole d'Ibiza lors de vacances de personnalités politiques autrichiennes, révélant des pratiques potentiellement frauduleuses, a abouti au lancement d'une série d'enquêtes.
Le scandale a fait chuter l'ancien vice-chancelier d'extrême droite Heinz-Christian Strache avant de rattraper l'ex-dirigeant Sebastian Kurz, poussé à la démission en octobre 2021 sur des accusations de corruption qu'il nie.
Depuis son départ, le parti conservateur, toujours au pouvoir, accuse une forte chute de popularité et l'extrême droite est redevenue la première force politique en Autriche, selon plusieurs sondages.