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Une juge d'instruction risque un an de prison: que lui reproche la justice? "J'ai manqué de lucidité"

Le parquet général a requis un an de prison avec sursis contre la juge d'instruction Deborah Cattarin.

Le parquet général a requis jeudi devant la cour d'appel de Liège une peine d'un an de prison avec sursis total contre la juge d'instruction dinantaise Deborah Cattarin, poursuivie pour des faits de faux, d'usages de faux et de faux informatiques. Elle avait été dénoncée par le parquet fédéral pour avoir couvert ses manquements dans le cadre de ses fonctions par des faux.

La juge d'instruction Deborah Cattarin avait été dénoncée par le parquet fédéral après l'examen d'une procédure de vérification d'un de ses dossiers par la chambre des mises en accusation de Liège. Il était apparu qu'elle avait commis un certain nombre de faux pour couvrir des manquements portant sur des actes de procédure. Chapeautant des dossiers importants, la juge d'instruction était à la tête de son cabinet depuis 2018. Mais certains dossiers accusaient un retard très important. De nombreux documents ont été antidatés pour couvrir des actes de procédure. Ces comportements se sont répétés en connaissance de cause, a souligné le parquet.

Le parquet général a pointé de nombreux faux destinés à cacher aux autorités les carences et les manquements récurrents de la juge d'instruction. "Ce n'est pas de la légèreté ou de la négligence ponctuelle. Ce sont des actes répétés. L'arriéré de son cabinet était très important. L'intégrité d'un juge d'instruction doit être irréprochable, d'autant plus que c'est un magistrat qui a le pouvoir d'atteindre aux libertés des justiciables de la manière la plus violente quand il ordonne des perquisitions ou des mises en détention", a souligné l'avocat général.

Le ministère public a requis une peine d'un an de prison avec sursis total et une amende de 300 euros à majorer des décimes, tout en s'opposant à toute mesure de clémence.

En aveux sur les faits, Deborah Cattarin n'a pas contesté la matérialité des faits. Elle les a justifiés par un état d'épuisement profond survenu après la reprise du cabinet d'un magistrat qui avait mis fin à ses jours, par un manque de moyens humains à la suite d'une absence de son greffier et par la pression de son chef de corps. Son avocate a sollicité une suspension du prononcé ou une peine assortie d'un sursis.

"J'ai manqué de lucidité et je me suis écroulée à la suite d'un état d'épuisement profond, physique et mental. J'ai connu un burn-out sévère et j'étais en état de sidération. Le retard s'était accumulé et je dormais moins. Mon travail était moins efficace, alors que les dossiers étaient difficiles à gérer", a-t-elle précisé à la cour.

Deborah Cattarin a démissionné de ses fonctions. Une procédure disciplinaire reste engagée contre elle. "J'ai embrassé la fonction de magistrat avec des convictions et des valeurs. Je ne me sens plus légitime de l'exercer. Je suis désolée", a-t-elle indiqué.

Son avocate, Me Séverine Meurice, a sollicité une suspension du prononcé ou une peine assortie d'un sursis.

L'arrêt sera prononcé le 5 juin.

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