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La Belgique à nouveau en code jaune pluie: les alertes émises par l’IRM sont-elles toujours justifiées ?

Par RTL info avec Florent Vanden Bergh, Marion Picard et Gaetan Lillon
On l’a encore constaté avec les températures extrêmes de cette semaine : la Belgique est régulièrement confrontée à des épisodes météorologiques extrêmes. Pour guider la population et les autorités, l’institut royal météorologique émet des alertes chaleur, pluie, vent, neige, verglas. Ces avertissements sont-ils toujours justifiés ?

Chaque année, des dizaines d’alertes sont émises par l’IRM. Mais à quoi servent-elles ? Et surtout, sont-elles toujours justifiées ?

Pour répondre à ces questions, nous avons rendez-vous à l’Institut royal météorologique. C’est à Uccle que Fabian, météorologue, réalise des prévisions et émet des alertes le cas échéant. « Ces avertissements sont d’abord destinés aux citoyens, de manière générale, bien sûr, pour les prévenir d’un phénomène météorologique dangereux, mais d’autre part aussi pour tous les organismes officiels. Nous pensons par exemple au centre de crise. Ça leur permet ainsi de prendre des mesures préventives face aux événements qui sont annoncés. », explique-t-il.

L’alerte jaune appel à la vigilance. L’orange annonce d’éventuels dégâts. Enfin, la rouge prévient d’une menace directe pour la sécurité de la population. Ces avertissements sont précieux pour les autorités provinciales. À Namur, par exemple, ils permettent au gouverneur de réunir une cellule d’experts et de confronter les prévisions à la réalité du terrain.

« Ce qu’on peut faire, ce sont des alertes à la population par sous bassin hydrographique pour déjà donner quelques consignes en ce qui concerne le fait de ‘attention, l’évolution des eaux est telle’, ‘attention éventuellement monter dans les étages parce qu’il risque d’avoir des inondations au niveau du rez-de-chaussée’», raconte Denis Mathen, gouverneur de la province de Namur.

« Rappel de personnel »

Une anticipation provinciale. Mais qu’en est-il au niveau des zones de secours ? Nous avons posé la question au capitaine Covens de la caserne de Namur. « Quand on reçoit une information vraiment plus particulière, il y a des actions qui peuvent être prises, c’est-à-dire du rappel de personnel volontaire principalement, et également le rappel d’un dispatcher », explique David Covens, capitaine à la zone de secours nage.

En cas d’alerte orage ou pluie, les pompiers peuvent aussi anticiper en chargeant des sacs de sable et davantage d’équipement dans leur véhicule. « Donc nous avons ce type de matériel qui est une pompe d’épuisement, qui sera chargé dans les petits véhicules en cas d’intervention multiple pour les inondations », nous montre David Covens.

Les avertissements sont scrutés par une multitude d’acteurs dans les homes. L’alerte chaleur permet aux soignants de prévoir des stocks d’eau et de donner des conseils aux résidents sur les routes. L’alerte verglas rythme le travail des équipes d’épandage. Dans les grandes villes, l‘alerte entraîne parfois la fermeture des parcs publics. Ces indications sont donc bien utiles, mais parfois jugées trop fréquentes depuis les inondations de 2021.

« On reçoit régulièrement, et même parfois fort régulièrement, des alertes par mail. Donc on traite cette information-là. Mais du fait de la récurrence, parfois il y a parfois trop d’informations », estime David Covens, capitaine à la zone de secours NaGe.

Point de vue quelque peu différent à Bouillon, la ville belge où il pleut le plus. Ici, les habitants sont régulièrement inondés, alors on préfère trop de précautions que pas assez. « Je pense que c’est important d’être tenu informé de manière régulière et en temps réel. Il vaut mieux prévenir que guérir », estime Marie-Julie Nemery, bourgmestre de Bouillon.

En 2023, une alerte orange aux orages avait poussé les organisateurs des Ardentes à annuler le dernier jour de l’événement. Une situation frustrante pour les festivaliers, d’autant qu’il n’y avait finalement pas eu de dégâts.

Les prévisionnistes s’alarment-ils trop vite ?

Y a-t-il plus d’alertes qu’avant ? Ce sont les questions que nous avons posées à David Dehenauw, chef du bureau du temps à l’IRM. « On n’a jamais donné de conseils aux prévisionnistes en disant ‘Voilà, il faut être plus prudent’. Au contraire, on a augmenté un peu le seuil quand on a vu qu’il n’y avait pas vraiment d’impact », raconte-t-il.

Selon le spécialiste, ces alertes bénéficient par contre de plus d’attention depuis les inondations qui ont fait 39 victimes en 2021. Sur Internet, nous recherchons des articles contenant les mots IRM, Alertes et Belgique. Résultat, plus de 3000 publications rien que l’année dernière. C’est trois fois plus qu’en 2019. En ce qui concerne les impressions d’avertissements trop alarmistes, l’IRM rappelle qu’une même alerte peut avoir des conséquences différentes en fonction de la province.

« Quand on a, par exemple, les mêmes intensités de pluie qui tombent en province de Liège ou en province de Namur, les impacts seront différents à cause du terrain non seulement la topographie, mais aussi… il y a moins de grandes villes », explique David Dehenauw.

L’IRM analyse les conséquences des alertes sur le terrain. Il réajuste sans cesse les critères des avertissements pour coller au mieux à la réalité. Un travail crucial quand on sait que les phénomènes extrêmes seront de plus en plus fréquents dans les prochaines années en raison du dérèglement climatique.

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