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Les Engagés prennent leurs distances avec la proposition du ministre de la Défense, Theo Francken, d’utiliser des armes à létalité réduite pour lutter contre les violences qui se produisent au cours de manifestations.
« Je pense que la priorité doit être d’apaiser les relations et de favoriser le dialogue pour faire accepter des mesures dures que je soutiens par ailleurs. L’utilisation de ce genre de munitions est très controversée et est particulièrement dangereuse. Le maintien de l’ordre ne peut en aucun cas se concevoir uniquement sous le prisme de la violence. Je pense que nous devons – collectivement – trouver d’autres moyens pour lutter contre la violence », a expliqué mercredi le président de la commission de la Justice, Isamël Nuino, sur X.
Le président de son parti, Yvan Verougstraete, s’est montré plus clair : « Condamner les violences, oui. Soutenir la police, évidemment. Tirer des balles en caoutchouc ? C’est NON. La paix sociale ne s’impose pas par la force », a-t-il averti.
Dans l’opposition, le PS a exprimé son inquiétude, accusant M. Francken de « dérive autoritaire pure et simple ». « Après chaque manifestation, il rêve d’un État où l’on répond à la contestation sociale par la force, pas par le dialogue. Aujourd’hui, ce sont des balles en caoutchouc. Demain, ce sera quoi ? Des grenades ? » a demandé le député Ridouane Chahid. « Les manifestants ne sont pas des ennemis, ce sont les battants de la démocratie ».
Le ministre de la Défense a suggéré que les policiers s’inspirent des forces de l’ordre de Los Angeles, aux États-Unis, et utilisent l’arme FN 303 contre les personnes se rendant coupables de dégradations ou de violences dans le cadre de manifestations. Son message est accompagné des images d’un groupe vêtu de noir, qui a attaqué l’entrée du bâtiment abritant l’Office des étrangers, sur le boulevard Pacheco à Bruxelles.
Le FN 303, de fabrication belge, est un « lanceur à létalité réduite », une arme à air comprimé. Il permet de tirer des projectiles considérés comme « moins létaux », mais susceptibles malgré tout de provoquer des blessures graves, lésions permanentes, alors que des décès sont également liés à son utilisation. En France, l’utilisation de telles armes « à létalité réduite » pour « encadrer » des actions des Gilets jaunes avait entrainé de vifs débats.
Le FN 303 est soumis autorisation ministérielle et son usage est strictement réglementé. En Belgique, certaines zones de police locales disposent de ces armes, mais celles-ci ne sont utilisées pour tirer que de manière exceptionnelle. Plusieurs conditions sont requises, comme le fait de disposer d’une unité d’appui spécialisée ou lors d’interventions dans des milieux restreints, comme les prisons.
En juin, la police en avait fait usage lors d’échauffourées qui avaient éclaté à la suite d’une marche en hommage au petit Fabian. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin, avait demandé à l’Inspection générale de la police un rapport sur cette question.

















