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Georges-Louis Bouchez, un leader populiste d’extrême droite ? Un docteur en sciences politiques répond

Par RTL info
Certains estiment que le MR dérive vers une idéologie d’extrême droite. Le comportement et les prises de parole du président des libéraux francophones sont également sources de critiques. Georges-Louis Bouchez peut-il être considéré comme un leader populiste ? Un docteur en sciences politiques apporte des réponses éclairantes.

« L’extrême droite, c’est une idéologie », explique Benjamin Biard, chercheur au Crisp, le Centre de recherche et d’information socio-politiques. « C’est une conception de la société, telle qu’elle est et telle qu’elle devrait être », ajoute le chercheur. Invité de Martin Buxant ce mardi matin sur bel RTL, le docteur en sciences politiques apporte son éclairage pour mieux comprendre ce que recouvrent les notions d’extrême droite et de populisme, en Belgique, en Europe et ailleurs.

Selon Benjamin Biard, trois critères permettent de définir l’extrême droite :

1. Une conception inégalitaire de la société : c’est-à-dire une idéologie qui accorde une importance massive aux différences entre individus – raciales, ethniques, sexuelles, religieuses, par exemple. 2. Une conception nationaliste de la société 3. Une mise sous tension de la démocratie : cela peut se traduire par un rejet direct de ses fondements, via des actions violentes, ou par une remise en cause plus insidieuse de certains principes clés, comme l’État de droit, l’équilibre des pouvoirs ou les droits accordés aux minorités.

« Ces trois critères permettent de déterminer si une formation politique ou une personnalité peut être qualifiée d’extrême droite », résume le chercheur.

Le populisme, un « style de communication »

Et le populisme ? « Ce n’est pas un synonyme de l’extrême droite, comme on l’entend souvent », nuance Benjamin Biard. « Le populisme n’est pas une idéologie, mais un style de communication. » Un style qu’adoptent de nombreux leaders d’extrême droite en Europe, comme Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, en Belgique ou Marine Le Pen et Jordan Bardella du RN en France.

Ce discours oppose un « peuple » porteur de toutes les vertus – les travailleurs qui se lèvent tôt mais peinent à boucler leurs fins de mois – à une élite perçue comme paresseuse et corrompue, gouvernant dans son seul intérêt. Mais ce style peut aussi être adopté par d’autres acteurs politiques : « À l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon en France est clairement un leader populiste », illustre Benjamin Biard.

Le MR est-il devenu un parti d’extrême droite ?

En Belgique, une question se pose de plus en plus : le MR est-il devenu un parti d’extrême droite ? « Pour moi, le Mouvement réformateur n’est pas devenu un parti d’extrême droite », répond d’emblée le chercheur. Cela ne veut pas dire que l’interrogation n’est pas légitime. « Il y a un faisceau de facteurs qui poussent à s’interroger sur son évolution », précise-t-il.

Sur le plan idéologique, le MR assume davantage son flanc conservateur. Sur le plan socio-économique, il se positionne « peut-être davantage à droite aujourd’hui que la N-VA ». Et sur le plan des valeurs culturelles, notamment migratoires, le positionnement s’est aussi durci. Alors, droite dure ? Droite radicale ? « Je dirais : une droite tout court. On parlait encore de centre droit il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, c’est clairement une formation de droite, avec certaines personnalités en interne – comme le président du parti – qui, par leur style plus disruptif, peuvent donner une allure plus radicale. »

Son objectif est clair : occuper en permanence l’espace médiatique

Georges-Louis Bouchez est-il populiste ? « Je ne pense pas qu’il soit populiste non plus, si on s’en tient à la définition du populisme comme style de communication », estime Benjamin Biard. « Il a un style plus disruptif, c’est vrai, avec une volonté de jeter des pavés dans la mare, de soulever des débats. Mais je pense que son objectif est clair : occuper en permanence l’espace médiatique, que ce soit dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux. »

L’interview en intégralité en vidéo :

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