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La Belgique compte aujourd’hui environ 450.000 personnes originaires d’Afrique subsaharienne, soit près de 100.000 de plus qu’en 2016, selon une enquête publiée jeudi par la Fondation Roi Baudouin, en collaboration avec plusieurs universités. Comme en 2016, l’étude met en lumière un niveau élevé mais stable de racisme et de discriminations. Si 58% des personnes interrogées déclarent se sentir fortement belges, 70% affirment avoir été victimes de racisme ou de discrimination au cours des cinq dernières années.
L’enquête repose sur un panel représentatif de 923 personnes majeures, vivant dans les trois Régions du pays, interrogées entre mai 2024 et février 2025. La majorité des répondants sont originaires de la République démocratique du Congo (29%), devant le Cameroun (13%), la Guinée (7%) et le Rwanda (7%). Près de six répondants sur dix (58%) sont arrivés en Belgique après 2010, à l’âge moyen de 26 ans. «Contrairement à certaines idées reçues, la grande majorité migre en Belgique via des voies officielles», précise la Fondation. Les principaux motifs de migration restent similaires: études (37%), famille (26%) et conflits (20%).
Sept répondants sur dix déclarent avoir été confrontés à des situations de racisme ou de discrimination en Belgique au cours des cinq dernières années. Un taux élevé mais stable par rapport à la précédente enquête de 2016. Plus de la moitié (55 %) n’ont toutefois entrepris aucune démarche pour signaler ces faits.
Des contextes divers
Ces expériences sont rapportées dans divers contextes: dans les transports en commun, au travail, lors de la recherche d’un emploi, mais aussi dans l’accès au logement. Près de 37% des personnes interrogées disent avoir essuyé un refus à cause de leur couleur de peau ou de leurs origines lorsqu’elles ont voulu acheter ou louer un bien.
Les attentes en matière de représentativité et de mémoire collective demeurent fortes. Environ trois quarts des répondants souhaitent une meilleure représentation des personnes d’origine africaine dans l’enseignement (79%), la police (72%) et les médias (73%). La moitié estime par ailleurs que les médias contribuent à renforcer les préjugés sur les personnes d’origine africaine.
La grande majorité (91%) considère que l’histoire coloniale devrait être davantage enseignée à l’école et 88% estiment que les biens acquis lors de la colonisation devraient être restitués. Plus largement, 75% jugent que le sujet de la colonisation reste tabou en Belgique.
Malgré ces constats, l’étude souligne un fort sentiment d’appartenance à la Belgique, notamment au sein de la deuxième génération. Alors que 47% des personnes de première génération se sentent fortement belges, ce pourcentage grimpe à 87% chez celles de deuxième génération. Ce sentiment est toutefois moins marqué chez les personnes ayant été victimes de racisme ou de discrimination (53%) que chez celles qui n’y ont pas été confrontées (69%).



















