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Crèche, repas, cadeaux : comment Noël est-il devenu « une vraie grande fête familiale » ?

Par RTL info
Noël, fête chrétienne par excellence, plonge pourtant ses racines bien avant la naissance de Jésus. L’historien de l’alimentation Pierre Leclercq revient, au micro de Luc Gilson dans C’est arrivé un jour, sur les origines et les traditions de cette célébration devenue universelle.

Invité de C’est arrivé un jour, le vidéocast présenté par Luc Gilson, Pierre Leclercq, historien de l’alimentation, rappelle d’emblée que « le 25 décembre, avant d’être Noël, est d’abord la date du solstice d’hiver, le retour du soleil et des jours qui rallongent ». Depuis des millénaires, cette journée symbolise la lumière renaissante. Les Romains, explique-t-il, en firent au Ier siècle la fête du dieu Mithra, avant que l’empereur Aurélien n’unifie les cultes solaires sous celui du Sol Invictus, le Soleil invaincu.

Ce n’est qu’au IVᵉ siècle, à l’époque de l’empereur Constantin, que la date du 25 décembre fut progressivement associée à la célébration de la naissance du Christ. « Pendant longtemps, on a célébré à la fois le Soleil invaincu et Jésus », précise Pierre Leclercq, avant que la fête chrétienne ne s’impose définitivement au VIᵉ siècle.

De la crèche à la fête familiale

La tradition du Noël familial n’est apparue que bien plus tard. « Il faut attendre les temps modernes pour voir la naissance d’une véritable fête centrée sur la famille », souligne l’historien. Dès le XVIᵉ siècle, les crèches vivantes se multiplient dans les églises avant de s’inviter, au siècle suivant, dans les foyers aisés. Pierre Leclercq voit là « le moment où Noël devient la célébration de la Sainte Famille ».

Le repas partagé et les messes de Noël gagnent alors en importance, avant que les cadeaux ne s’imposent au XIXᵉ siècle. Si Saint-Nicolas reste longtemps la référence en Belgique et en France, « c’est à la fin du XIXᵉ siècle que les présents de Noël deviennent une habitude », notamment avec les vitrines des grands magasins.

Le Père Noël, un Américain d’origine européenne

« Le Père Noël est né à New York », dit Pierre Leclercq. Santa Claus n’est autre que la version américaine de Sinterklaas, lui-même dérivé de Saint-Nicolas. Importée par les colons néerlandais et allemands, la figure du bonhomme rouge résulte d’un mélange de traditions européennes. Dès les années 1830, il s’impose comme distributeur de cadeaux et adopte progressivement son costume rouge d’évêque.

Quant à la célèbre association entre Coca-Cola et la couleur de son manteau, l’historien la balaie : « C’est une légende urbaine. Le Père Noël rouge existait bien avant les publicités de la marque. En revanche, Coca-Cola a contribué à diffuser sa popularité dans le monde entier après la Seconde Guerre mondiale. »

Repas, bûche et traditions gourmandes

Historien de l’alimentation oblige, Pierre Leclercq éclaire aussi les coutumes culinaires. À l’origine, le 24 décembre était un jour maigre : « On ne pouvait pas manger de viande », rappelle-t-il. Les festins n’avaient lieu qu’après la messe de minuit ou le jour de Noël. Ce n’est qu’au XIXᵉ siècle que le menu riche du 24 s’impose réellement. La dinde, d’abord réservée aux élites, ne se démocratise qu’au XXᵉ siècle, remplaçant petit à petit l’oie ou le lapin.

Quant à la bûche, elle tire son origine d’un tronc que l’on faisait brûler toute la nuit pour symboliser la lumière. Au fil du temps, elle s’est transformée en gâteau emblématique du réveillon. Un clin d’œil culinaire à l’idée de chaleur, de renouveau et de convivialité qui, selon Pierre Leclercq, « reste au cœur de l’esprit de Noël ».

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