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Lorsque les détenus quittent l'aile sécurisée de la prison de Haren, ils sont fouillés une première fois, puis remis à la police. Et c'est là que le problème se pose : ce mardi matin encore, disent-ils, ils ont été soumis à une fouille à nu avec génuflexions. Le 29 décembre, cette pratique systématique a pourtant été qualifiée de dégradante par le tribunal des référés. "Il faut savoir que c'est une infraction pénale, souligne Delphine Paci, avocate d'un des accusés. Et donc là, en continuant les procédures telles qu'elles existaient, le ministre permet finalement à l'Etat belge de commettre des infractions pénales quotidiennement. C'est très préoccupant."
Trois détenus refusent de comparaître, un autre explique que rien n'a changé. Le banc des avocats de la défense s'enflamme. "Nous avons un ministre de la Justice qui n'accepte pas de respecter des décisions de justice, ce qui est quand même assez extraordinaire", réagit Vincent Lurquin, avocat d'un des accusés. "S'opposer de manière aussi frontale à une décision de justice, c'est se comporter comme un voyou. Je me demande si monsieur le ministre de la Justice n'est pas, à certains égards, un voyou", note de son côté Jonathan Taye, également avocat d'accusé.
Certaines victimes étaient là pour la première fois. Elles avaient pris un jour de congé... pour rien. "Elles sont dépitées, tristes, en colère. Il y a une incompréhension totale. C'est de nouveau un fiasco. Un fiasco dont on essaie de comprendre l'origine", lance Gaëtan Meuleman, porte-parole des victimes Life4Brussels.
La présidente suggère alors de demander des explications au responsable du service de transfert des détenus. Mais nouveau coup de théâtre : ce policier qui s'est fait accompagner d'un avocat refuse de se présenter devant la cour. "Il faut quand même s'imaginer qu'il y a là un haut responsable, qui est sans doute responsable précisément des conditions transferts qui sont critiquées, et que l'on mettrait au milieu de la salle d'audience pour subir toute une série de questions. Je trouve que c'est quand même extrêmement délicat", estime Alexandre Wilmotte, avocat de victimes.
Il faut débloquer la situation, répète la présidente à la fois dépitée et excédée. Mais ce n'est pas gagné...
La suite du procès compromise ?
Ces derniers événements pourraient-ils compromettre la suite du procès? Soit les fouilles à nu systématiques sont maintenues comme c'était le cas aujourd'hui, les accusés ne comparaissent donc plus et leurs avocats ne les représentent plus. C'est la paralysie du procès... Soit la police applique la décision de justice. Elle motive les fouilles à nu et les individualise. Dans ce cas, on peut avancer.
Le procureur fédéral va prendre contact avec le cabinet de la justice pour tenter de débloquer cette situation. Le policier responsable du service de transfert des détenus sera entendu par le chef d'enquête. Mais force est de constater que le bras de fer entre le ministre de la Justice et la Cour d'appel se poursuit. Un bras-de-fer hallucinant...