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En Belgique comme en France, les mini-téléphones portables se multiplient en milieu carcéral. Des appareils difficilement détectables, qui compliquent la lutte contre les communications illégales et posent de sérieux enjeux de sécurité.
Cette semaine, près d’une centaine de mini-téléphones ont été saisis dans plusieurs prisons françaises. Des appareils si petits – parfois de la taille d’un briquet – qu’ils échappent souvent aux contrôles. Et si leur présence reste moins massive en Belgique, ils y circulent bel et bien, comme en témoigne Marco, ancien détenu :
Je descendais avec au préau
"Moi j'ai connu ces mini-téléphones en prison et j'en ai eu deux comme ça, dit-il. Un mini téléphone comme ça, tu le payes 300-400 euros. C'est plus facile à faire passer et à faire rentrer. Je descendais avec au préau, quand il faisait beau, je téléphonais et je me couchais dans l'herbe..."
Ces téléphones, conçus parfois avec des composants en plastique pour éviter les détecteurs de métaux, se trouvent facilement en ligne ou dans des boutiques spécialisées. S’ils n’offrent que des fonctions de base (appels, SMS), leur discrétion en fait une alternative prisée aux smartphones.
Des moyens insuffisants pour enrayer le phénomène
En Belgique, la préférence des détenus reste toutefois tournée vers les smartphones, selon Jérôme Michez, délégué Sypol – EPI et agent pénitentiaire depuis 18 ans : "En France, ils ont beaucoup plus les moyens pour éviter les smartphones qu'en Belgique. Ici, on ne nous donne pas les moyens. Donc, forcément, les détenus belges préfèrent avoir des smartphones pour continuer à être connectés sur les réseaux sociaux, ce qui n'est pas possible via ces mini-GSM."
En 2024, 374 téléphones ont été saisis lors des opérations de "sweeping" dans les établissements belges, ces actions ciblées qui détectent les ondes GSM. Un chiffre partiel qui n’inclut pas les appareils découverts lors des fouilles de cellules.
Certaines saisies sont particulièrement marquantes. "Il y a environ 15 jours, environ 40 gsm ont été confisqués en une nuit, dont 10 dans une seule cellule. C’est énorme", alerte Daniel Delbart, responsable du Sypol-EPI.
Les drones, nouvelle menace aux abords des prisons
Autre outil de plus en plus utilisé pour déjouer les contrôles : le drone. L’administration pénitentiaire observe une recrudescence des tentatives de livraison depuis les airs. Si ces appareils servent souvent à acheminer téléphones ou stupéfiants, la crainte d’un passage à l’armement grandit.
"Ça pourrait être des armes", s’inquiète Jérôme Michez. "Qui nous dit que bientôt, on ne pourra pas se faire livrer un couteau ou une arme à feu ?"
Face à ces risques, l’administration annonce l’arrivée prochaine de nouveaux appareils de détection, plus performants, dans les établissements. Un équipement attendu par les agents, qui réclament depuis longtemps des moyens renforcés pour lutter contre cette contrebande technologique.


















