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Les personnages masculins représentent plus de 75 % de l’ensemble des personnages célèbres, réels ou fictifs, présents dans 20 manuels de l’enseignement obligatoire en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). C’est ce qu’il ressort d’une étude publiée mardi par les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Céméa), cinq ans après l’entrée en vigueur d’une procédure de labellisation pour les maisons d’édition.
« Le chemin est encore long dans la lutte contre la reproduction des stéréotypes genrés et sexistes à l’école », constatent d’emblée les Céméa. L’étude porte sur 20 manuels utilisés dans l’enseignement obligatoire, de la première à la sixième primaire, centrés sur l’apprentissage du français (lecture, orthographe, grammaire, etc.).
Huit personnages historiques sur dix dans les manuels analysés sont des hommes (82 %), contre 18 % de femmes. Le personnage masculin le plus cité ou illustré est Christophe Colomb, tandis que le personnage féminin le plus présent est ’La Joconde’. Seuls 26 % des personnages de fiction, principalement des princesses et des sorcières, sont féminins. Il y a également deux fois plus de références à des auteurs qu’à des autrices.
Le mouvement d’éducation note aussi que les femmes (29 %) sont sous-représentées par rapport aux hommes (50 %) dans les illustrations. Les hommes sont par ailleurs représentés en mouvement, tandis que les femmes apparaissent plutôt statiques ou en retrait.
Les femmes sont davantage présentes dans leur maison, les hommes davantage dans l’espace public. Elles occupent principalement la salle de bains et la cuisine, tandis qu’ils occupent plutôt le salon, surtout les pères pour lire le journal. Concernant l’espace public, l’étude comptabilise 52 % de références à des hommes, 26 % à des femmes et 22 % à de la mixité.
Les femmes représentées en contact avec des enfants
Les femmes (45 %) sont plus fréquemment représentées en contact avec des enfants que les hommes (34 %). Les références à la famille ou au couple parental se limitent à des représentations de la famille nucléaire – papa, maman et les enfants – sans mention explicite de familles monoparentales, homoparentales ou recomposées, ni de couples homosexuels.
« Les manuels scolaires occupent une place importante dans la construction des comportements sociaux, des normes et des valeurs chez les enfants et les jeunes », rappelle l’étude des Céméa. « Les Céméa considèrent que les représentations figées, sexistes, binaires et hétéronormées, véhiculées par certains contenus et outils pédagogiques, constituent un terreau fertile pour toutes les formes de violences en milieu scolaire. »
Par rapport à une première étude exploratoire de 2012, les Céméa constatent certes une augmentation du nombre d’illustrations de filles et de femmes, de prénoms féminins, de métiers au féminin ou encore de références à des autrices. « Malheureusement, cette évolution dans les chiffres n’a pas eu d’impact du point de vue qualitatif », déplore le mouvement d’éducation.
« Certes, il y a davantage de filles et de femmes, mais elles demeurent cantonnées à la sphère privée, à se faire belles, cuisiner ou s’occuper des enfants. » L’étude conclut donc que les objectifs visés par la procédure de labellisation des maisons d’édition et les critères éthiques de la charte ne sont pas rencontrés pour les manuels scolaires analysés.
Enfin, l’étude regrette que seuls six manuels sur les 20 analysés comportent des « traces » d’écriture inclusive. Seul le manuel scolaire le plus récent, publié en 2024, semble avoir une ligne éditoriale claire en la matière. La ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny (MR), avait de son côté manifesté son refus d’utiliser l’écriture inclusive.
« De nombreuses études démontrent que son utilisation se révèle problématique à plus d’un égard à l’école, si bien que le point médian est moins libérateur que générateur de difficultés accrues et donc d’exclusion des élèves les plus fragiles, comme les élèves dyslexiques », avait déclaré la ministre devant les députés en juillet dernier. L’utilisation du point médian et des doublets abrégés avait d’ailleurs été supprimée.



















