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« Un bain de sang social » : la réforme de Frank Vandenbroucke fait paniquer les médecins

Par RTL info avec Charlotte Simonart, Amélie Bailly et Audrey Michotte
Grève des médecins ce 7 juillet : la réforme des suppléments d’honoraire fait éclater les tensions. Entre accessibilité des soins pour les patients et crainte d’un effondrement du financement hospitalier, le bras de fer est engagé.

À la veille de la grève annoncée des médecins, les tensions montent autour de la réforme voulue par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke. Cette réforme prévoit de plafonner les suppléments d’honoraires, ces montants supplémentaires perçus, notamment pour les soins ambulatoires et hospitaliers. Ces plafonds, fixés respectivement à 25 % et 125 %, ont déclenché un tollé dans la profession.

« Les petits centres de proximité, comme c’est le cas ici, vont devoir fermer parce que c’est grâce à ça qu’on peut employer du personnel. Donc ça va être aussi un bain de sang social. Et puis le gros problème, c’est que les gens n’auront plus de médecins à consulter et donc les délais vont se compter en années », alerte Françoise Guiot, dermatologue. Ce vendredi 7 juillet, son cabinet sera fermé en signe de protestation, une première.

L’un des arguments avancés par le ministre de la Santé est de garantir une meilleure « accessibilité aux soins » pour les patients. Selon lui, ces limitations permettraient d’éviter la flambée des coûts pour les citoyens. Mais la profession médicale, consciente des répercussions financières, démontre sa crainte. Ces montants, souvent essentiels au fonctionnement des hôpitaux et au maintien d’équipements hautement performants, sont vus comme un pilier du financement alternatif.

« Ces suppléments sont utilisés pour l’innovation »

« Si l’on enlève ces suppléments, cela représente environ 20 % du budget de fonctionnement d’un hôpital. Ces suppléments sont principalement utilisés pour de l’innovation, pour mettre à l’équilibre le budget d’un hôpital », explique Frédéric Alexis, membre de la société belge de radiologie, rappelant que ces pratiques permettent de financer du matériel médical de pointe, notamment pour des examens complexes tels que l’imagerie cardiovasculaire.

Mais ce n’est pas l’unique point d’achoppement. Le débat sur les suppléments d’honoraires soulève une question idéologique selon les médecins. « En aucun cas, la qualité des soins et donc de la prise en charge du patient ne change, que vous soyez en chambre commune ou en chambre individuelle. Cela nous est d’ailleurs interdit par le code de déontologie », défend Frédéric Alexis.

Les syndicats médicaux pointent également un manque de concertation dans cette décision, perçue comme un passage en force par le ministre. Pour les mutualités comme la Mutualité Chrétienne, la réforme est une avancée vers plus d’équité : « Je pense qu’on ne fait pas ce métier uniquement pour gagner de l’argent (…) après je pense que ces actes doivent être valorisés », avance Elise Derroitte, vice-présidente.

Avec un budget national de 45 milliards d’euros pour les soins de santé dont 1 milliard consacré aux suppléments d’honoraires, payés dans 8 cas sur 10 par une assurance complémentaire et non par le patient lui-même. Il s’agit d’un enjeu stratégique pour les finances et l’organisation des soins. Cependant, ce volet ne représente qu’une partie du débat global sur la revalorisation des honoraires médicaux et la charge administrative que dénoncent régulièrement les professionnels de santé.

Face à ce bras de fer, aucune issue ne semble encore en vue. Cela pourrait se prolonger après le 7 juillet. Délais prolongés, fermetures de centres médicaux et réorganisation des calendriers de soins sont autant de conséquences palpables pour les patients.

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