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17,2 milliards d'euros. C'est le montant que le ministre du Budget prévoit d'investir au cours des quatre prochaines années pour renforcer les moyens de la défense face aux tensions internationales actuelles. Pour trouver cet argent, il évoque déjà différentes pistes. Lesquelles sont faisables et, surtout, souhaitables ?
Depuis le plan Réarmer l'Europe, décidé par l'Union européenne la semaine dernière, la Belgique souhaite porter les investissements dans la défense à 2 % du PIB dès cet été. Cela représente 4 milliards d'euros supplémentaires à trouver, et encore plus au cours des quatre prochaines années.
"Un montant de 17,2 milliards d'euros est nécessaire, et nous devrons rendre ces ressources disponibles dans les prochaines années pour financer la défense", expliquait Vincent Van Peteghem, le ministre fédéral du Budget, sur un plateau de télévision.
Mais comment y parvenir ? Le ministre propose de vendre des participations étatiques, comme celles dans BNP Paribas, Bpost ou Proximus.
Bruno Colmant, économiste, explique à ce sujet : "L'État peut vendre certaines participations, mais c'est beaucoup plus délicat qu'on ne le pense. On peut vendre la participation dans BNP, qui vaut 4-5 milliards, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. On peut vendre la participation dans Proximus, mais vendre 50 % d'une entreprise que l'État possède actuellement suppose de trouver un partenaire industriel. Donc, c'est une recherche qui peut prendre des trimestres, voire peut-être un an. Ce n'est certainement pas avant la fin de l'été qu'on trouvera des acquéreurs potentiels".
Le gouvernement souhaite également opter pour l'emprunt. "C'est vrai que ça coûte un peu d'argent, mais les taux d'intérêt ne sont pas trop élevés, et de toute façon, derrière ces dépenses, il y a de la mise à l'emploi. On parle de 8 000 emplois qui pourraient être créés dans le secteur de la défense en Belgique. Cela veut dire que s'endetter pour créer de l'emploi et pour des dépenses d'infrastructures, c'est, à mon avis, cohérent et logique", rajoute Bruno Colmant.
Il faut savoir que la dette publique belge est déjà très élevée : 105 % du PIB. Cet endettement se fera-t-il au détriment de la santé, de l'éducation ou du climat ? "Je crois qu'avant de se lancer dans ces dépenses, il faudrait avoir un débat démocratique au Parlement pour savoir si l'on prend les bonnes options. Parce qu'effectivement, dans la frénésie et la précipitation, décider de se réarmer, peut-être au détriment d'autres secteurs, soulève une question sociétale et démocratique extrêmement importante", précise l'économiste.
Pour Ecolo, il ne faut pas couper dans les budgets climat, énergie ou alimentation. Le parti soulèvera ces questions jeudi en séance plénière au Parlement. Même demande du côté du PS, qui estime que ce n'est pas à la population de payer la facture.