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"Cette centrale, il faut la faire", a martelé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, en déplacement en Guyane de samedi à mercredi, à propos d'un projet de centrale électrique au Larivot, exploitée par EDF PEI et très contestée localement.
La centrale du Larivot doit remplacer la vieille centrale de Degrad-des-Cannes en 2023, qui est obsolète et, surtout, fonctionne entièrement au fioul. "Plus vite on ferme (la centrale de Degrad-des-Cannes, NDLR), mieux c'est", a plaidé Barbara Pompili, lors de la visite d'un chantier proche du futur lieu de la centrale. Selon elle, la nouvelle centrale permettra d'engager une transition vers du renouvelable.
Mais depuis le 27 juillet 2021 le chantier de la centrale du Larivot est arrêté, sur décision du tribunal administratif de la Guyane, après un recours des associations France Nature Environnement et Guyane Nature Environnement.
La justice a émis des doutes sur le respect du Schéma d'aménagement territorial et le volume de gaz à effet de serre, supérieur aux objectifs fixés par le gouvernement. Dans son premier projet, la nouvelle centrale devait fonctionner au fioul, comme l'ancienne. Un combustible dépassé et polluant, pour les associations de défense de l'environnement.
L'appel déposé par la Collectivité Territoriale, la Chambre de Commerce et d'Industrie et la Fédération régionale du bâtiment a trouvé la même réponse en septembre. La justice a maintenu la suspension estimant qu'il existait un "doute sérieux" sur la légalité de l'autorisation délivrée par le préfet et que l'arrêt des travaux ne portait pas atteinte à "l'intérêt général", comme le plaidait la Collectivité.
De son côté, EDF PEI a verdi son projet pour lui donner davantage de chance d'aboutir. Le 100% fioul a été abandonné, l'entreprise veut désormais faire fonctionner la centrale avec de la biomasse liquide. Cela permettrait, selon elle, de structurer une filière de production en Guyane.
Cette proposition ne convainc pas Rémi Girault, le président de France Nature Environnement, qui avait déposé le premier recours à l'origine de la suspension.
La matière organique végétale qui doit faire tourner la centrale "peut difficilement être produite localement", argumente-t-il, pointant la taille de l'agriculture guyanaise qui ne peut nourrir tous les habitants. Pour lui, la biomasse ne règle pas la question de l'autonomie énergétique, puisqu'il faudra en importer.
Avec d'autres ONG locales, Rémi Girault s'est entretenu avec Barbara Pompili dimanche : "On n'a pas eu réponse sur le choix de l'emplacement de la centrale », dit-il, à savoir sur un site est recouvert de mangroves et proche de la rivière de Cayenne. Fataliste, il poursuit : "C'est un dossier dont (Barbara Pompili) a hérité, elle n'a fait qu'essayer de limiter la casse".
Un nouveau recours est en cours d'examen auprès du conseil d'Etat. Il devrait rendre sa décision en février.