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Et si le prochain champion du monde de F1 était … une femme ? « J’espère que ce sera moi ! »

Par RTL info avec l’AFP
Hommes et femmes peuvent courir en Formule 1, mais cela fait des décennies qu’une femme n’a pas concouru au plus haut niveau de ce sport. Au Royaume-Uni, souvent qualifié de berceau de la Formule 1, des efforts sont déployés à tous les échelons du sport automobile pour lutter contre les inégalités de genre en piste et attirer davantage de filles dans les paddocks. Et ça commence à porter ses fruits…

Skye Parker a 15 ans et pilote en KZ2, des karts 125 cc avec boite de vitesse manuelle à 6 rapports. C’est avec aplomb et confiance que cette jeune Britannique parle de son but avoué : « J’aimerais devenir championne du monde de Formule 1. »

Pour cela, elle est aidée par une initiative cofondée par l’ex-pilote de F1 David Coulthard et l’entrepreneur Karel Komárek en 2022 : More Than Equal. Elle est dédiée à promouvoir la progression des femmes dans le sport automobile avec le même objectif ambitieux que Skye. « La mission de More than Equal est de trouver et de former la première championne du monde de F1, une déclaration audacieuse, sachant que moins de personnes ont remporté le titre qu’il n’y en a qui sont allées dans l’espace », explique son PDG, Tom Stanton.

Pour y parvenir, ils sont partis d’un constat : « Nous savons que la filière pour les pilotes féminines n’a pas permis à une femme d’entrer en Formule 1 de manière compétitive depuis 50 ans, et cela montre qu’avec le système actuel, elles n’y prospèrent pas », explique Lauren Forrow, qui y est responsable du développement des pilotes.

Un programme qui veut scientifiquement combler l’écart entre hommes et femmes

More Than Equal a donc créé un programme mondial de détection et de développement avec des coachs spécialisés, entraînement technique, préparation physique et mentorat. Les jeunes filles suivent des parcours de formation personnalisés depuis les catégories junior jusqu’à la F1, basés sur la recherche, l’analyse de données et la préparation physique et mentale.

More Than Equal collabore avec des universités et des partenaires scientifiques pour construire des modèles de développement adaptés aux athlètes féminines. « Nous savons que le programme que nous élaborons tient compte des différences physiologiques, psychologiques et techniques propres aux femmes, leurs points de départ, leurs modes de développement, leurs façons d’apprendre, le fonctionnement du cerveau adolescent, ainsi que la manière dont leurs corps évoluent au fil du cycle menstruel et de la maturation. Nous utilisons toutes ces informations et les recherches que nous menons pour les réintégrer et déterminer la bonne « recette » pour accompagner les athlètes féminines dans ce domaine, un sujet qui a été relativement peu étudié jusqu’à présent », détaille Lauren Forrow.

Déjà plus de filles sur les pistes qu’il y a trois ans

Et doucement mais sûrement, un des buts de l’initiative, découvrir des talents féminins et susciter des vocations, commence à fonctionner, comme en témoigne Skye Parker. « Je fais partie des rares, les garçons sont clairement plus nombreux que nous. Mais entre le moment où j’ai commencé et maintenant… Quand j’ai débuté, j’étais la seule fille sur ma grille, il y avait peut-être une autre personne, mais c’était essentiellement moi. Puis, quand je suis partie en Europe, il y avait beaucoup plus de filles. Et maintenant que je suis de retour au Royaume-Uni, il y en a énormément. Évidemment, les garçons restent plus nombreux que nous, mais il y en a bien plus qu’à mes débuts », se réjouit-elle.

Et tout commence à la base : le karting. « Ici, nous sommes au tout début du parcours », explique Cameron Biggs, le responsable du parcours de coaching de l’académie de Motorsport UK, le programme de développement de talents de la fédération nationale britannique de sport automobile. « Ce sont les premières étapes qu’une fille pourrait franchir pour avancer. Nous essayons vraiment de relier les points entre la base et l’élite. »

N’aie pas peur de le faire. Sois simplement courageuse et amuse-toi !
Thea, 8 ans

Et pour faciliter l’accès, la Formule 1 est plus tendance qu’avant chez les jeunes filles. « Nous avons commencé la journée en demandant « est-ce que vous regardez des sports mécaniques ? Êtes-vous intéressés par la Formule 1 ? » Et nous avons vu des mains se lever dans les airs. Je pense que des choses comme (la série documentaire de Netflix) Drive to Survive ont vraiment aidé ces dernières quelques années, et nous espérons maintenant que, si vous pouvez le voir à la télé mais aussi venir participer à une session de l’academie de casting pour filles, cela suscitera cet intérêt », espère Cameron Biggs.

Sur la piste de ce casting ce jour-là, pour leur toute première fois en karting, se trouvaient Megan et Erin, 11 ans, et Thea, 8 ans. « Je regarde assez souvent la Formule 1, donc je sais à peu près comment me débrouiller sur la piste », explique Erin, fière de sa performance, tout comme Megan : « Quand j’ai commencé, les autres participantes me bousculaient sans cesse, car j’avançais très lentement. Finalement, j’ai fini par aller très vite. La deuxième fois, je suis arrivée première et j’en suis très fière. » Thea, elle, a un message pour celles qui hésiteraient à tenter leur chance : « N’aie pas peur de le faire. Sois simplement courageuse et amuse-toi ! »

Un tournant dans la vision habituellement très masculine de ce sport qui est dans l’air du temps, comme le souligne le PDG de More Than Equal : « Il y a très peu de moments dans la vie, mais surtout dans le sport aujourd’hui, où les choses sont vraiment pionnières. Et celui-ci, cet instant, ce moment précis pour ce sport, c’est véritablement pionnier, et c’est ça qui te fait avancer », assure Tom Stanton.

Inspirées également par la F1 Academy

L’initiative est également partenaire officiel de la F1 Academy, la série de courses féminine soutenue par la Formule 1… remportée en novembre par la Française Doriane Pin, 21 ans. « J’ai beaucoup appris en F1 Academy et cela va m’aider. Cette année, le vainqueur du championnat remporte une prime donc on a le choix d’aller où on veut l’an prochain. L’objectif pour moi, c’est la Formule 1 donc la monoplace reste la priorité. Mon objectif, c’est d’atteindre le plus haut niveau et je ferai tout pour y arriver », assurait-elle à l’issue de sa dernière course.

Malheureusement, « je pense que beaucoup de gens se disent que c’est impossible parce qu’ils n’ont jamais vu de femme en F1 depuis des années et qu’il n’y a pas de modèle, en fait », regrettait-elle. Un sentiment partagé par Skye Parker, de 6 ans sa cadette : « Je sais que la seule marqueuse de points a été Lella Lombardi, elle était vraiment impressionnante dans ce sport. Mais c’est assez triste qu’il n’y ait personne à admirer du côté féminin en Formule 1. »

Mais cela ne saurait tarder, selon Doriane Pin. « Je suis persuadée qu’une femme est capable de rouler dans une F1 et de se battre avec les plus grands. » Et pourquoi pas remporter un Championnat du monde, le rêve de Skye Parker : « J’espère que ce sera moi ! »

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