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Attentat de Manchester en 2017: les services de renseignements mis en cause

Les services de renseignements britanniques ont été accusés jeudi dans un rapport accablant d'avoir tardé à traiter des informations pouvant permettre d'empêcher l'attentat de la Manchester Arena en 2017 qui avait fait 22 morts.

Près de six ans après l'attaque, le texte de 207 pages, accueilli dans les larmes par certaines familles des victimes, est venu conclure une longue enquête publique lancée il y a deux ans et demi, qui a étrillé la sécurité de la salle, les secours et le prestigieux "MI5" (renseignements intérieurs).

Le 22 mai 2017, un Britannique d'origine libyenne âgé de 22 ans, Salman Abedi, avait fait exploser une bombe à la sortie de cette salle de concert, après un spectacle de la pop star Ariana Grande, tuant sept enfants et 15 adultes, faisant une centaine de blessés et choquant le Royaume-Uni.

L'auteur du rapport, Sir John Saunders, s'est intéressé à la radicalisation d'Abedi et aux informations disponibles qui auraient permis d'empêcher l'attaque.

Sur la base de preuves et témoignages restés confidentiels, il conclut notamment que les services de renseignements ont laissé passer des informations concernant Abedi et ont ainsi manqué "l'occasion de prendre des mesures d'investigation importantes" le visant.

"A deux reprises dans les mois précédents l'attaque, des renseignements ont été fournis aux service de sécurité, dont on n'a pas réalisé l'importance à l'époque", écrit M. Saunders.

- Retard à agir -

Il explique que les services de renseignements n'ont pas traité les informations reçues concernant des potentielles activités terroristes et que quand ils ont envisagé de le faire, ils n'ont pas agi assez rapidement et ont mal communiqué entre les différents services.

"En se basant sur tout ce que les services de sécurité savaient ou auraient dû savoir, je pense que de telles investigations auraient constitué une réponse proportionnée et justifiée à prendre", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que les chances d'éviter l'attaque auraient été "faibles".

Le directeur général du renseignement intérieur, Ken McCallum, s'est dit "profondément désolé" que le MI5 ne soit pas parvenu "à éviter l'attaque".

Salman Abedi était devenu en 2014 un "sujet d'intérêt" pour les services de renseignements mais son dossier avait été classé quelques mois plus tard, l'homme étant finalement considéré comme à "faible risque".

Entre décembre 2013 et avril 2017, il avait été identifié à six occasions comme contact direct ou indirect d'extrémistes présumés.

Le rapport souligne aussi le processus de radicalisation d'Abedi, notamment le rôle de sa famille - qui partageait des "vues extrémistes" selon le rapport - et la formation et l'aide "probablement" obtenues en Libye pour fabriquer une bombe.

En août 2020, le frère de Salman Abedi, Hashem Abedi, avait été condamné à la perpétuité avec un minimum de 55 ans en prison pour avoir aidé le kamikaze à préparer l'explosion.

- "Inacceptable" -

Pour Richard Scorer, avocat qui représente onze des familles de victimes, les conclusions du nouveau rapport montrent que les manquements des renseignements "ont fait perdre, a minima, une possibilité d'éviter l'attaque".

Il a qualifié d'"inacceptables" les manquements soulignés.

"Tout ce que nous cherchons depuis le début, c'est la vérité, une reconnaissance des erreurs qui ont eu lieu cette nuit là et l'assurance que de telles erreurs ne se répètent pas", a affirmé Helen Boniface, une autre avocate de familles de victimes.

"Nous ne pardonnerons jamais les assaillants ou ceux qui les ont aidés, et nous ne pouvons pas non plus pardonner ces professionnels qui ont échoué à agir de manière appropriée".

Ce dernier rapport conclut une série d'audiences menée entre septembre 2020 et février 2022.

Un premier rapport accablant pour les responsables de la sécurité de la salle incapables d'identifier Salman Abedi comme une menace avait été publié en juin 2021.

Un second rapport étrillait en novembre la gestion des secours par les autorités lors de l'attentat suicide, estimant que le responsable de la police de Manchester avait été "dépassé par le nombre de tâches qu'il avait à accomplir".

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