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La justice a ordonné mercredi la suspension de Telegram dans tout le Brésil, la messagerie en ligne n'ayant pas fourni aux autorités des données sur des groupes néo-nazis actifs sur la plateforme, a-t-on appris de source gouvernementale et judiciaire.
Dans le cadre d'une enquête "sur des groupes néo-nazis présents sur les réseaux sociaux, (...) la justice a ordonné la suspension de Telegram, estimant que ce réseau n'avait pas répondu à ses requêtes", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre de la Justice, Flavio Dino.
"Nous savons que (les messages diffusés par ces groupes sur les réseaux) produisent de la violence" en milieu scolaire, a-t-il ajouté, une allusion à la vague récente d'attaques meurtrières dans des écoles.
Lors de l'une de ces attaques, le 5 avril, à Blumenau (sud), un homme a tué quatre enfants à la hache dans une crèche, suscitant une vive émotion dans tout le pays.
Le gouvernement avait ensuite pris une série de mesures visant à réglementer et contrôler les réseaux sociaux.
Dans son arrêt publié mercredi, le Tribunal fédéral de l'Etat d'Espirito Santo (sud-est) rappelle que la Police fédérale avait demandé à Telegram de lui fournir les données personnelles de tous les membres de groupes de la messagerie intitulés "Mouvement antisémite brésilien" et "Front antisémite", mais que cette requête n'avait été satisfaite que "partiellement".
Selon le site d'informations G1, les enquêteurs ont découvert qu'un adolescent de 16 ans qui a tué en novembre 2022 quatre personnes par balle (trois enseignantes et une élève de 12 ans) dans une école à Aracruz, dans l'Espirito Santo, était en relation avec des groupes antisémites sur Telegram.
"Il est évident que Telegram ne coopère pas avec l'enquête en cours", conclut l'arrêt judiciaire, dont l'amende d'un million de reais (180.000 euros) par jour restera en vigueur jusqu'à ce que les données demandées soient fournies à la police.
En mars 2022, un juge de la Cour suprême avait déjà menacé de bloquer Telegram au Brésil, pour "non respect d'ordres judiciaires", notamment la demande de suspension du compte d'Allan dos Santos, blogueur partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro visé par une enquête pour désinformation.