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Les institutions européennes veulent interdire TikTok à leurs personnels pour "protéger" leurs données

La Commission européenne a interdit jeudi l'usage de l'application TikTok sur les appareils professionnels de son personnel afin de "protéger les données" de l'institution et les autres instances de l'UE devraient adopter cette mesure, au grand mécontentement du réseau social chinois, de plus en plus surveillé en Occident.

La "suspension" provisoire du populaire service de partage de vidéos "vise à protéger la Commission contre les cybermenaces (...) Il est de notre devoir de réagir le plus tôt possible aux cyberalertes potentielles", a indiqué l'exécutif européen dans un communiqué.

Les fonctionnaires et employés de la Commission ont jusqu'au 15 mars au plus tard pour désinstaller l'application de leurs appareils professionnels (smartphones, tablettes...), a précisé un porte-parole de l'institution.

Ils devront également supprimer TikTok de leurs appareils personnels si ces derniers contiennent des applications validées pour une utilisation professionnelle (messagerie électronique, applications de visioconférence...), dans l'objectif de "protéger les données de la Commission", a-t-il ajouté.

Des mesures similaires seront prises par le Conseil européen, l'instance des États membres dirigée par le Belge Charles Michel, a indiqué à l'AFP son porte-parole.

Le Parlement européen a pour sa part indiqué jeudi que ses services vont examiner l'avis de la Commission avant de formuler des recommandations.

L'interdiction décidée par la Commission survient alors que TikTok, dont la société mère ByteDance est chinoise, fait l'objet d'une surveillance croissante des Occidentaux en raison de craintes que Pékin puisse accéder aux données des utilisateurs à travers le monde.

- Précédent américain -

Bruxelles emboîte le pas à Washington. Aux États-Unis, une loi ratifiée par le président Joe Biden début janvier interdit le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les appareils des fonctionnaires de l’État fédéral américain.

Une vingtaine d’États américains a pris une mesure similaire pour leurs propres employés.

Certains législateurs au Congrès tentent d'interdire totalement à TikTok d'exercer aux États-Unis, l'accusant d'être un outil d'espionnage et de propagande au service de la Chine, sur fond de tensions entre Pékin et Washington.

Dans l'UE, ByteDance fait l'objet d'une enquête de l'autorité irlandaise de protection de la vie privée, qui le soupçonne d'enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine.

TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en Chine pouvaient accéder aux données d'utilisateurs européens et avait admis en décembre que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes.

Mais le groupe nie farouchement tout contrôle ou accès du gouvernement chinois à ses données.

"La Commission a, dès le début de son mandat, mis l'accent sur la cybersécurité, la protection de ses collaborateurs et de tous ceux qui travaillent" pour l'institution, a déclaré jeudi à la presse le commissaire à l'Industrie Thierry Breton.

Sans livrer de détails: "Nous ne sommes nullement contraints de donner les raisons pour lesquelles nous prenons [de telles] décisions", a-t-il insisté.

"C'est une décision clairement fondée sur l'évaluation de la situation, mais nous ne donnerons aucune précision" sur les motivations exactes, ni sur les mesures attendues pour une levée éventuelle de cette "suspension", a complété une porte-parole de la Commission.

-"Malavisé"-

"Cette suspension est malavisée et fondée sur des conceptions fondamentalement erronées. Nous sommes surpris que la Commission ne nous ait pas contactés directement, ni ne nous ait donné l'opportunité de nous expliquer", déplore TikTok dans un communiqué.

"Nous avons sollicité une réunion afin de rétablir la vérité et expliquer comment nous protégeons les données de 125 millions d'utilisateurs à travers l'Europe", ajoute la plateforme.

La mesure intervient peu après la venue à Bruxelles du PDG de TikTok, Shou Zi Chew, en janvier. Il avait alors assuré aux responsables européens inquiets que TikTok travaillait à "renforcer la sécurité des données d'usagers en Europe".

"Il ne doit y avoir aucun doute concernant la sécurité des données des utilisateurs européens et le fait qu'elles ne soient pas exposées à un accès illégal d'autorités de pays tiers", avait répondu la commissaire Vera Jourova.

"Nous continuons d'améliorer notre approche (...) notamment avec l'implantation de trois centres de données en Europe pour stocker localement les données. Nous travaillons à réduire encore plus l'accès des employés aux données et à minimiser les flux de données hors d'Europe", plaide aujourd'hui l'entreprise.

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