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Borne veut apporter des réponses "concrètes" malgré les invectives

Tenter d'avancer, malgré la contestation: Elisabeth Borne a voulu apporter des réponses "concrètes" sur les titres d'identité vendredi dans l'Indre, en dépit des manifestations qui ont de nouveau ponctué son déplacement, en amont de la présentation de sa feuille de route la semaine prochaine.

"Borne dégage", s'égosillent une vingtaine de manifestants tenus à distance de la Première ministre, venue visiter à la mairie de Buzançais les services de délivrance des passeports et des cartes d'identité.

La cheffe du gouvernement préfère, elle, se pencher sur les délais pour obtenir ces titres, qui atteignent dans cette petite ville trois mois, contre deux en moyenne dans le pays. "C'est insupportable", souffle-t-elle, s'engageant à les diviser par deux d'ici à l'été.

Les délais moyens de 66 jours seront ramenés "à 30 jours cet été" et "à 20 jours à l'automne" partout en France, promet-elle encore, alors que cette question empoisonne depuis de nombreux mois l'exécutif qui peine à y répondre.

"Beaucoup de préoccupations, d’attentes s’expriment", convient Elisabeth Borne, fragilisée à Matignon depuis l'emploi du 49-3 qui a permis l'adoption sans vote de la réforme des retraites et attisé la contestation.

Pour sortir de la crise, la Première ministre compte sur sa feuille de route, qu'elle présentera en Conseil des ministres mercredi. L'objectif: "répondre (..) le plus rapidement possible, aux difficultés concrètes" et aux "attentes" des Français, sur les questions de travail, d'ordre ou encore de services publics. Le tout en tenant le compte à rebours du président, fixé à 100 jours.

- Manifestations interdites -

Elisabeth Borne avait vanté auparavant toutes les aides (emploi, impôts, accès au numérique) réunies dans la maison France Services de Valençay, où elle s'est arrêtée en début de matinée, sans manifestants aux abords.

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé des arrêtés préfectoraux interdisant de manifester vendredi dans certains périmètres de la visite de Mme Borne, comme à Châteauroux, où environ 200 personnes attendaient la Première ministre de pied ferme, à coups de bruyants sifflets et casseroles. Certains ont été repoussés par les forces de l'ordre à son passage.

"Suspendre les libertés constitutionnelles est illégal en dehors de l'article 16. On en est là?", a demandé le leader de la France insoumise sur Twitter.

Pour autant, Elisabeth Borne a récusé lors d'un point presse toute "interdiction de manifester", puisque "du reste il y a des gens qui manifestent".

Quant aux syndicats, la Première ministre a affirmé "regretter" le refus de l'intersyndicale de se rendre à l'Elysée cette semaine, quand bien même les organisations avaient prévenu qu'elles déclineraient toute invitation avant les cortèges du 1er mai. "Je pense qu'on peut être en désaccord (mais) c'est important de se parler", a-t-elle plaidé.

A défaut de renouer avec la population, Elisabeth Borne, au plus bas dans les sondages, a répété en milieu de journée sur l'antenne de France Bleu qu'elle "assumait" la réforme des retraites.

Malgré la contestation et une majorité relative à l'Assemblée nationale, pas question non plus de changer de méthode: elle veut toujours construire des majorités "texte par texte".

- Méthode -

Mais elle n'a pas redit explicitement son engagement à ne plus recourir au 49-3 hors textes financiers, promesse sur laquelle Emmanuel Macron a semblé exprimer quelques réserves.

Concentrant les critiques, le chef de l'Etat avait été hué en Alsace mercredi puis chahuté jeudi dans l'Hérault, et ses échanges sont apparus houleux.

"Moi, je ne sais pas discuter avec une casserole, je vous avoue. Je sais discuter avec des gens, y compris des gens qui sont en colère", l'a défendu sur Europe 1 le ministre délégué au Budget Gabriel Attal.

Plusieurs autres ministres ont aussi connu des déplacements mouvementés vendredi.

La ministre des PME et du Tourisme Olivia Grégoire a annulé une petite partie de sa visite dans la région Pays de la Loire, à cause de manifestants.

Le ministre de la Santé François Braun a, lui, été chahuté par quelque 250 personnes munies de casseroles en Seine-Saint-Denis.

Des manifestants se sont fait aussi entendre en Saône-et-Loire, où se rendait le ministre du Travail Olivier Dussopt, selon la presse locale.

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