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Des signes de mieux après une année noire mais un âge d'or désormais révolu: échaudés par la crise immobilière, certains promoteurs chinois commencent à voir le bout du tunnel sur un marché amené à ralentir durablement.
Le secteur immobilier en Chine a connu une croissance fulgurante depuis sa libéralisation en 1998, dans un pays où l'acquisition d'un bien est souvent un prérequis au mariage et un investissement.
Durant deux décennies, les promoteurs ont pu se développer à vitesse grand V grâce aux prêts bancaires mais leur endettement a tellement gonflé que les autorités ont décidé d'y mettre le holà à partir de 2020.
Depuis, leur accès au crédit s'est considérablement réduit tandis que la demande en biens immobiliers piquait du nez, sur fond de ralentissement économique et d'une crise de confiance.
Ce phénomène a été exacerbé par la quasi-faillite du désormais ex-numéro un du secteur Evergrande, et a gagné les autres promoteurs, boudés à leur tour par les acheteurs potentiels par crainte de déboires similaires.
Evergrande a déclaré, début avril, que son plan de restructuration avait été négocié et approuvé par un groupe de créanciers internationaux, une avancée décisive vers l'allégement de sa dette abyssale.
En Chine, la majorité des biens neufs sont payés avant même le début des travaux.
L'immobilier a connu l'an dernier "sa pire contraction de l'histoire" avec des ventes en repli de 24%, souligne Rosealea Yao, du cabinet Gavekal Dragonomics, spécialisé sur l'économie chinoise. La crise sanitaire a été un facteur d'"anxiété" aggravant, qui a poussé nombre d'acheteurs potentiels à reporter l'achat d'un bien, souligne Mme Yao.
- "Signes de stabilisation" -
Le secteur a également été chahuté par une grève des mensualités de certains propriétaires, excédés par les interruptions de chantiers d'un certain nombre de promoteurs faute de liquidités. Leur coup de sang a davantage aggravé la crise.
Après une année noire, "le marché immobilier chinois montre des signes de stabilisation" depuis début 2023, selon l'agence de notation Fitch.
En mars, les principales villes en Chine ont connu une hausse sensible des prix de l'immobilier, d'après des chiffres publiés samedi dernier par le Bureau national des statistiques (BNS). Sur 70 villes qui composent l'indicateur officiel de référence, 64 étaient ainsi concernées (contre 55 en février et 36 en janvier).
"Il s'agit d'un signal fort qui montre que la reprise tant attendue prend enfin racine", indique à l'AFP l'analyste Shehzad Qazi, du cabinet d'études China Beige Book.
"Un rebond est possible ces prochains mois mais à long terme - l'année prochaine ou la suivante - je n'en vois pas davantage", tempère John Lam, qui suit pour la banque UBS le marché immobilier chinois. Et d'arguer: "la population chinoise a commencé à baisser en 2022", une tendance amenée à se poursuivre et qui pèsera inévitablement sur la demande en biens immobiliers.
Par ailleurs, la "demande spéculative ne revient pas", relève auprès de l'AFP M. Lam, au moment où le pouvoir martèle que les logements sont faits pour "y vivre, pas pour la spéculation".
Ainsi, l'immobilier connaîtra des "rebonds périodiques" mais l'époque d'une croissance rapide est "probablement révolue", estime Shehzad Qazi.
L'immobilier, qui représente avec la construction environ un quart du PIB de la Chine, est un pilier essentiel de la croissance du pays. Il est également une source importante de revenus pour les collectivités locales, dont les finances sont exsangues après trois ans de dépenses faramineuses pour lutter contre le Covid.
Pour relancer un secteur à la peine, le pouvoir semble adopter depuis novembre une approche plus conciliante, avec des mesures de soutien ciblées pour les promoteurs les plus sains financièrement aux résultats contrastés.
En mars, le nombre de mises en chantier de logement neufs s'est contracté de 29% sur un an (après un recul de 9,4% en janvier-février), selon les derniers chiffres du BNS. Et ce, malgré une faible base de comparaison avec 2022 quand l'immobilier en Chine était en pleine tourmente.
Le secteur est sur la "voie de la guérison mais il n'est pas encore tiré d'affaire", prévient l'économiste Larry Hu, de la banque d'investissement Macquarie.
"Les promoteurs restent prudents et donnent la priorité à l'achèvement des projets existants plutôt qu'au lancement de nouveaux", relève M. Hu. Et la reprise profite essentiellement aux grandes villes comme Pékin et Shanghai qui ont retrouvé leur dynamisme de 2019, selon Rosealea Yao.