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TikTok a annoncé mercredi de nouvelles fonctionnalités pour aider les jeunes à réguler leur temps sur son réseau, sur fond d'offensive du gouvernement pour mieux protéger les mineurs sur internet.
Q: Pourquoi l'influence de TikTok sur les jeunes inquiète-t-elle?
R: Le 6e réseau social mondial, celui qui connaît la plus forte croissance chez les jeunes, est régulièrement accusé d'héberger de nombreuses vidéos de désinformation, des défis dangereux et des contenus violents et sexuels sans que l'internaute ne les ait sollicités.
"Momo Challenge", qui pousse les enfants à des actions violentes, "Blackout Challenge" qui consiste à retenir sa respiration jusqu’à l’évanouissement…
Avec le challenge à la mode actuellement, expliqué par de nombreux tutoriels sur TikTok, des collégiens se pincent très fort la joue pour se créer une fausse cicatrice, une pratique dangereuse selon les médecins.
Avec le mot-clé #Ozempic, un antidiabétique est promu par les internautes sur le réseau social pour ses propriétés amaigrissantes, provoquant tensions d'approvisionnement et inquiétudes chez les médecins.
46% des 11-14 ans considèrent que TikTok "met en avant des ressources fiables", selon une étude de la Fondation Reboot menée avec l'Ifop, citée mercredi par Le Figaro.
Fort de plus d'un milliard d'utilisateurs actifs dans le monde, le réseau chinois est également mis en cause pour ses contenus "addictifs", un défilement ininterrompu de vidéos proposées par des algorithmes qui analysent leurs goûts.
Les mineurs ont passé en moyenne 1h47 par jour sur TikTok en 2022, selon une récente étude mondiale de Qustodio. TikTok est d'ailleurs l'appli sur laquelle les internautes ont passé le plus de temps en 2022.
TikTok a annoncé mercredi mettre en place dans quelques semaines, par défaut, un avertissement au bout de 60 minutes d'utilisation pour les mineurs. Ils devront saisir un mot de passe pour continuer à regarder le site.
Toutefois, comme sur les autres sites internet, les jeunes peuvent toujours, cependant, désactiver la fonction ou mentir sur leur âge.
"Cette proposition va dans le bon sens, mais ne répond pas à l’ensemble de nos inquiétudes, notamment sur ce qui concerne la protection des données des utilisateurs et la teneur des contenus accessibles pour nos enfants", a réagi auprès de l'AFP la secrétaire d'Etat à l'Enfance Charlotte Caubel.
Q: Quelles inquiétudes existent concernant la sécurité des données?
R: Propriété de l'entreprise chinoise ByteDance, TikTok est de plus en plus scruté par les Occidentaux qui craignent que Pékin puisse ainsi accéder aux données d'utilisateurs du monde entier, ce que TikTok nie depuis des années.
Une loi ratifiée il y a quelques semaines par le président américain Joe Biden interdit l'utilisation de cette application au Congrès, ainsi que sur les appareils des fonctionnaires.
"TikTok est un cheval de Troie moderne du Parti communiste chinois utilisé pour surveiller les Américains et exploiter leurs informations personnelles", a accusé Michael McCaul, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre des représentants.
La Commission européenne, le Parlement européen et d'autres gouvernements, canadien et danois notamment, ont interdit à leurs personnels d'utiliser TikTok. La France a annoncé mercredi y réfléchir.
Q: Quelles sont les initiatives en cours pour mieux protéger les mineurs sur internet ?
R : Plusieurs propositions de loi visant à mieux protéger les jeunes sur internet, qui ont le soutien du gouvernement, vont être discutées à l'Assemblée nationale dans les prochains jours.
Jeudi l'assemblée examinera une proposition de loi qui veut fixer à 15 ans la "majorité numérique" et obliger les mineurs en-dessous de cet âge à obtenir l'autorisation de leurs parents pour s'inscrire sur les réseaux sociaux.
Lundi, l'Assemblée se penchera sur deux propositions de loi pour renforcer le droit à l'image des enfants pour l'une et "protéger les enfants de l’exposition excessive aux écrans" pour l'autre.
Enfin le gouvernement entend rendre effective l'interdiction d'accès des mineurs aux sites pornographiques. Il va lancer une expérimentation sur un système dit du "double anonymat", pour concilier protection des mineurs et protection de la vie privée des usages du porno.