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« Elle s’en serait bien passée » : Gisèle Pélicot va se confronter au seul accusé ayant décidé de faire appel, refusant le qualificatif de « violeur »

Par RTL info avec AFP
Face au dernier accusé ayant fait appel, Gisèle Pelicot retourne au tribunal à Nîmes, bien décidée à clore définitivement le chapitre des viols de Mazan qui ont bouleversé la France et fait d’elle une icône du féminisme mondial.

Une nouvelle « épreuve » attend Gisèle Pelicot, confrontée à partir de lundi à Nîmes au seul des hommes accusés de l’avoir violée à faire appel de sa condamnation. « Combative », celle qui est devenue une icône mondiale du féminisme entend « aller au bout » pour clore le chapitre des viols de Mazan.

« Elle se serait bien passée de cette épreuve à nouveau » et « aurait vraiment préféré se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir. Mais elle doit en passer par là parce que c’est la condition pour vraiment tourner la page. Donc elle y va et elle est combative », assure à l’AFP l’un de ses avocats, Antoine Camus.

« Le procès de Nîmes ressemblera bien davantage à un procès pour viol comme il en existe tous les jours parce que celui-ci, à la différence du précédent, aura une configuration où une victime seule fait face à son violeur seul », relève-t-il.

Il y a un an, à Avignon, le monde découvrait cette femme aux cheveux roux et aux lunettes rondes, qui osait refuser le huis clos malgré l’horreur des faits : avoir été droguée aux anxiolytiques entre 2011 et 2020 par son ex-mari, puis violée et/ou agressée sexuellement par celui-ci et les dizaines d’hommes qu’il recrutait sur internet, principalement dans leur maison de Mazan (Vaucluse).

Pour avoir clamé que « la honte doit changer de camp », Mme Pelicot, 72 ans, est devenue un symbole international des victimes de viols. Le procès d’Avignon a marqué un « basculement dans l’ordre des choses, une brèche dans l’organisation sociale », estime un collectif de chercheurs dans le livre récemment paru « Mazan, anthropologie d’un procès pour viols », l’un des nombreux ouvrages sur le sujet publiés depuis un an, en attendant la parution en janvier, en 20 langues, des mémoires de Gisèle Pelicot elle-même.

« Piégé » ?

Après quatre mois d’audience, la cour criminelle de Vaucluse avait, fin décembre, condamné les 51 accusés, âgés de 27 à 74 ans, à des peines allant de un an à 20 ans ferme pour le « chef d’orchestre » de cette décennie de viols, Dominique Pelicot.

Sur les 17 qui avaient initialement fait appel, seul Husamettin Dogan, condamné à neuf ans de réclusion pour « viols aggravés », l’a finalement maintenu.

Cet ouvrier de 44 ans comparaîtra libre devant la cour d’assises du Gard. Atteint d’une polyarthrite, il avait bénéficié d’un mandat de dépôt différé, suspendu par son appel.

« Il maintient qu’il n’a jamais eu l’intention de violer qui que ce soit » en se rendant le 28 juin 2019 à Mazan. Il affirme avoir pensé participer à une soirée libertine consentie, explique à l’AFP l’un de ses avocats, Jean-Marc Darrigade.

« Il respecte complètement Gisèle Pelicot. Il n’est pas question que son appel soit interprété comme une nouvelle atteinte qui puisse lui être faite. Il a le sentiment d’avoir été piégé par (Dominique) Pelicot », assure son conseil.

Un argument contesté par Dominique Pelicot qui a toujours martelé que « tous savaient » qu’ils venaient violer une femme préalablement sédatée par ses soins. N’ayant pas fait appel de sa condamnation à 20 ans, il sera cette fois entendu uniquement en qualité de témoin.

« Il n’est pas question pour Dominique Pelicot de changer d’optique ou de posture », explique à l’AFP son avocate, Béatrice Zavarro, en rappelant ses mots à Avignon : « Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs ».

Gisèle Pelicot reste pour sa part dans « l’incompréhension face au déni persistant » d’un accusé que l’on a pu voir « en train de s’affairer sur une personne dans un état de sédation totale, que l’on croit morte », accuse Me Camus. « Elle a besoin que la justice lui dise : +Madame, tous les viols que l’on a vus sur les vidéos, oui, ce sont bien des viols+ », explique-t-il. Dominique Pelicot avait quasi-systématiquement filmé et archivé les agressions sur son ex-épouse.

Comme en première instance, les trois magistrats et les neuf jurés citoyens qui composeront cette fois la cour auront la possibilité d’examiner ces enregistrements, chose pratiquement inédite alors que les preuves font généralement défaut dans de nombreux procès pour viols où la parole de la victime est souvent confrontée à celle de son agresseur présumé.

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