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Après un déficit record en 2021, la balance des échanges de biens de la France a enregistré un nouveau plongeon historique en 2022, plombée par la facture énergétique, tandis que les services ont affiché un excédent inédit grâce au tourisme et au transport.
"On est malheureusement dans la continuité des années précédentes", a commenté le ministre français du Commerce extérieur Olivier Becht au cours d'une conférence de presse présentant un quasi-doublement du déficit commercial sur les biens à 164 milliards d'euros contre un précédent record de 84,7 milliards en 2021.
La France est en déficit chronique depuis vingt ans dans ses échanges de biens avec le reste du monde, le dernier excédent commercial remontant à 2002 selon les chiffres de l'Insee.
"C'est le grand plongeon des balances commerciales partout", a par ailleurs affirmé mardi M. Becht, observant que l'énergie a plombé les comptes de nombreux voisins en Europe.
L'excédent commercial allemand a ainsi reculé de 56% l'an dernier, plombé aussi par le coût des importations liées à l'énergie.
Au Japon, entre flambée des hydrocarbures et plongeon du yen, le déficit commercial a atteint 19.971,3 milliards de yens (quelque 144 milliards d'euros au cours actuel) en 2022, dépassant de loin le précédent record de 2014.
Pour la France, M. Becht a reconnu "un déficit extrêmement important" l'an dernier, tout en insistant sur l'excédent record enregistré dans les services.
- Guerre et parc nucléaire -
La faute selon lui au coût exorbitant de la facture énergétique sur fond d'envolée des prix liée à la guerre en Ukraine et de perturbations pour le parc nucléaire français, qui ont contraint la France à importer de l'électricité.
Les prix de l'énergie à l'importation ont ainsi été multipliés par 2,1 par rapport à l'année précédente.
Rien que sur le gaz, la facture s'est alourdie de 248% à 59 milliards d'euros, contribuant à faire plus que doubler la facture globale de l'énergie l'an dernier à 115 milliards d'euros.
Outre la flambée des cours des matières premières, dont l'énergie mais aussi les métaux et l'agroalimentaire, le gouvernement met en cause la dépréciation de l'euro par rapport au dollar l'an dernier et les tensions sur les chaînes d'approvisionnement.
Parmi les secteurs dynamiques toutefois figurent l'automobile, dont les exportations ont retrouvé quasiment leur niveau de 2019, l'aéronautique et le spatial, les parfums et cosmétiques, les produits agricoles, ainsi que la filière boissons.
Au rang des bonnes nouvelles également, l'excédent record des services de 50 milliards d'euros, après un niveau historique de 36 milliards déjà en 2021.
Le transport, qui englobe notamment le poids lourd du fret maritime CMA CGM, avantagé en 2022 par les tensions sur les chaînes d'approvisionnement, a connu 25 milliards d'euros d'excédent, un record.
Après deux années de restrictions sanitaires liées à la pandémie, le tourisme a de son côté connu une grande année 2022, s'est félicité le ministère du commerce extérieur qui a dévoilé un excédent de 14 milliards d'euros pour les services de voyages, au plus haut depuis 2015.