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"J'ai séquestré Kim Kardashian": l'un des braqueurs, Yunice Abbas, balance tout

Il faisait partie de la bande des "papy braqueurs", ces hommes âgés qui ont stupéfié le monde entier en dérobant pour des millions d'euros de bijoux à la star américaine Kim Kardashian à Paris en 2016. Avant son procès, Yunice Abbas, aujourd'hui âgé de 67 ans, livre sa version des faits dans un livre. Il y décrit un "coup" de professionnels, mais revient aussi sur les regrets qui l'ont immédiatement assaillis.

"En fait, ça faisait neuf ans que je n'avais rien fait, que j’étais tranquille, que je ne faisais plus rien. Je bricolais", confie Yunice Abbas. L'idée de replonger dans le grand banditisme ne l'a pas séduit immédiatement. "Puis on m’a demandé si ça m’intéressait de rentrer dans cette histoire. Après moult hésitations, l’idée a fini par faire son chemin parce qu’on ne s’en croit plus capable. 'Je suis trop vieux. Je ne peux plus le faire. Est-ce que j’aurai le sang-froid ?'". Finalement, l'appel du risque a été le plus fort. "Et à un moment, on y croit, et puis je me suis dit : 'Cap, pas cap ?' J’ai osé. J’ai relevé le défi et je l’ai fait voilà. Mais sitôt fait, sitôt regretté. Le lendemain, j’ai regretté tout de suite", avoue-t-il avec une pointe d'amertume dans la voix.

Cette nuit du 3 octobre, en pleine "Fashion week", une équipe de cinq hommes, âgés de 60 à 72 ans, pénètre dans l'appartement loué par la vedette de téléréalité. Yunice Abbas décrit dans son livre "J'ai séquestré Kim Kardashian" un "coup" qu'il qualifie de parfaitement exécuté. Selon ses dires, l'opération s'est déroulée rapidement et sans heurt. "Très peu de temps, entre la rentrée et la sortie, on a peut-être fait cinq, sept minutes, six minutes", se souvient-il. "Parce que tout s’est bien passé. Il n’y a pas eu d’interférences, la victime a donné ses bijoux, elle n’a pas opposé de résistance. Tout s’est très bien passé." Le butin s'est élevé à neuf millions d'euros de bijoux, un montant colossal.

Je tombe nez à nez avec une patrouille de police

Pourtant, la sortie de l'appartement aurait pu être fatale au "papy braqueur". "Quand je suis sorti de l’immeuble, je suis tombé nez à nez - je le raconte d’ailleurs dans le livre - avec une patrouille de police", relate-t-il. Alors que ses complices avaient déjà pris la fuite, lui se retrouvait seul face aux forces de l'ordre. "Mes collègues étaient déjà partis et moi, j’étais le dernier. Je fermais la porte et ils m’ont regardé. Je leur ai fait un petit signe comme ça (signe de la main). Je les ai salués. Ils faisaient une ronde tout simplement. Évidemment, je n’étais pas à mon aise. J’ai affiché une sérénité, j’ai essayé en tout cas de le faire. Ça a marché."

Interpellé trois mois plus tard

Interpellé trois mois plus tard avec ses complices présumés, Yunice Abbas attend désormais d'être renvoyé devant la justice. Il explique avoir voulu apporter "sa vérité" face aux multiples versions de l'histoire déjà racontées. Il se décrit comme un "truand à mi-temps", quelqu'un qui a replongé après neuf ans de tranquillité, poussé par des besoins financiers. "J'étais rangé depuis neuf ans, je n'ai pas couru après (ce braquage), on m'a proposé d'y participer à un moment où j'avais besoin d'argent pour continuer à travailler", détaille-t-il.

On n'a pas le temps de vous sauver

Aujourd'hui, l'idée de retourner derrière les barreaux n'enchante guère Yunice Abbas, notamment en raison de ses problèmes de santé. "C’est-à-dire que ça tombe mal parce que je n’ai plus 20 ans. J’ai des problèmes de santé qui sont quand même assez lourds", confie-t-il avec inquiétude. "Quand on n’a pas la santé, il ne faut pas aller en prison. Ce n’est pas qu’on n’est pas soigné en prison, on est soigné, mais il y a un délai de réaction qui peut vous être fatal. C’est ce qui arrive très souvent, une crise cardiaque en prison, on n’a pas le temps de vous sauver."

Avec le recul, Yunice Abbas assure que cette vie de braqueur n'a jamais été un choix de cœur. "Ce n’est pas du tout la direction que je voulais prendre. Ce n’est pas du tout le genre de vie que je voulais avoir. Pas du tout. J’ai toujours été un petit peu contre tout ça. Je n’ai jamais fait tout ça de bon cœur. Je l’ai fait parce que je me sentais obligé de le faire. Parce que j’avais des besoins, parce que ça n’avançait pas de l’autre côté. Mais ce n’était pas un choix de vie, pas du tout", insiste-t-il.

Face à des jeunes qui pourraient être tentés par cette voie, son message est clair et sans équivoque : "Moi je ne leur conseille pas de prendre cette voie-là. Je leur déconseille même. C’est certainement pas l’avenir. Certainement pas. C’est une solution qui peut paraître de dépannage à un moment, mais c’est une illusion. C’est l’enfer. C’est l’enfer...", conclut Yunice Abbas, avec la sagesse amère de celui qui a emprunté des "raccourcis qui rallongent", comme il le dit lui-même.

 

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