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« La France est regardée. » Depuis l’Égypte, Emmanuel Macron s’est défaussé lundi sur la classe politique de toute responsabilité dans la crise française, mettant plutôt en avant son rôle diplomatique, qu’il tente de conforter, dans la résolution de la guerre à Gaza.
Pour le chef de l’État, il était incontournable de se rendre à Charm el-Cheikh, où était organisé un grand sommet autour du président américain Donald Trump sur l’avenir de la bande de Gaza.
Mais il lui a fallu faire des contorsions avec le calendrier national : gouvernement Lecornu 2 annoncé tard dimanche soir juste avant qu’il ne s’envole pour l’Égypte, et report de 24 heures, à mardi matin, de la présentation des budgets pour 2026 en Conseil des ministres, au lendemain de la date butoir.
Surtout, à peine arrivé à la station balnéaire sur la mer Rouge, il a dû sortir du silence qu’il gardait depuis plus d’un mois sur les soubresauts inédits d’une crise politique sans fin, avec la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sa démission fracassante sur fond de déchirements internes, et finalement la reconduction de ce fidèle macroniste malgré les menaces de censure.
« Moi je suis là dans mon rôle de garant des institutions », a lancé Emmanuel Macron devant les journalistes qui l’accompagnent. « Moi, j’assure la continuité, la stabilité », a-t-il martelé.
« Déstabilisation »
Une posture en décalage avec ce que pensent les oppositions, qui le désignent comme responsable de l’impasse. Et plusieurs voix de son propre camp, qui lui reprochent de « s’acharner à vouloir garder la main ».
Pour l’heure, la priorité présidentielle semble de tenir à distance cette crise.
Emmanuel Macron a imputé « ce désordre » uniquement aux forces politiques qui ont « nourri la division », « joué la déstabilisation », et n’ont « pas été au niveau », visant notamment la coalition désormais plus que vacillante entre le bloc macroniste et la droite.
Face au chaos politique, qui pourrait se poursuivre si le nouveau gouvernement tombe à son tour, le président a demandé « à tout le monde de se ressaisir ».
Objectif, « l’apaisement » et « œuvrer pour l’indépendance de la France », qui, a-t-il prévenu, est « regardée » par le reste du monde. En raison de son instabilité mais aussi, veut-il croire, grâce à son implication dans le dossier israélo-palestinien.
Emmanuel Macron a insisté sur le « rôle » que Paris peut jouer dans la mise en œuvre du plan Trump entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas pour mettre fin à la guerre à Gaza.
« Au côté de l’Autorité palestinienne », pour « veiller à ce qu’elle ait sa part » dans la gouvernance du territoire, encore incertaine, a-t-il expliqué.
Rencontre avec Abbas
Il a d’ailleurs eu un entretien sur place avec le président palestinien Mahmoud Abbas, invité à la dernière minute, « un très bon signal », selon lui, de la « reconnaissance du rôle de l’Autorité palestinienne comme instance légitime ».
Un peu plus tard, il a œuvré, d’après son entourage, à la poignée de mains entre Mahmoud Abbas et Donald Trump, accompagnant lui-même le dirigeant palestinien jusqu’au président américain.
La France ne fait pas partie des médiateurs du cessez-le-feu (Égypte, Qatar, Turquie, États-Unis), et n’est pas sous les projecteurs du sommet de lundi.
Pendant le discours de Donald Trump, Emmanuel Macron n’était d’ailleurs pas sur scène, derrière lui, comme d’autres dirigeants internationaux, mais assis au premier rang, non loin de Mahmoud Abbas. « Je ne peux pas y croire, tu fais profil bas aujourd’hui », s’est amusé le président américain en le remerciant pour son rôle.
Paris revendique d’avoir « ouvert la voie » à cette résolution avec le plan de paix franco-saoudien à l’ONU. Et avec la reconnaissance historique d’un État de Palestine le 22 septembre par le président Macron.
Ce dernier veut donc avancer ses pions.
Sur la mise en place d’une « force de stabilisation internationale », prévue par son initiative et reprise dans le plan Trump mais dont les contours restent à définir. Et surtout sur la nécessité de préserver « un chemin pour permettre justement les deux États », palestinien et israélien, « la seule perspective politique » en vue d’une « paix durable », a plaidé le chef de l’État.
Le plan américain ne ferme plus la porte à un État palestinien, mais le Premier ministre israélien ne veut toujours pas en entendre parler, et dénonce régulièrement la position française.
Désigné personna non grata en Israël jusqu’à nouvel ordre, Emmanuel Macron n’aura pas l’occasion de défendre sa cause auprès de Benjamin Netanyahu en Égypte : sa venue, annoncée in extremis, a été aussitôt annulée, officiellement en raison d’une fête juive.



















