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Macron censuré par une chaîne anglaise pour ne pas avoir parlé… anglais : une vieille querelle de plus de 1000 ans en arrière-plan

Par RTL info avec Christophe Giltay
Alors que la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni a renoué les liens entre Paris et Londres, notamment dans le domaine de la défense, une polémique linguistique a légèrement assombri le tableau.

En pleine retransmission du discours d’Emmanuel Macron lors du dîner d’État à Windsor, le 8 juillet, le présentateur vedette de GB news, une chaîne privée anglaise, a interrompu l’antenne, reprochant au président français de ne pas s’exprimer en anglais.

Je vous rassure tout de suite, ça ne s’est pas passé sur la BBC. Jamais l’honorable lady n’aurait commis un tel crime de lèse-Président. Il s’agit de GB News, une chaîne créée récemment par quelques millionnaires, qui revendique sa liberté d’expression et surtout le droit d’avoir des opinions ; une sorte de CNews à l’anglaise.

Vous imaginez la scène : dîner d’État à Windsor, les dames en robe longue et diadème, les hommes en habit, portant leurs décorations. Le summum du protocole. Lors de ces dîners – en anglais dinner – l’hôte et l’invité prononcent chacun un discours et ce fut donc le cas d’Emmanuel Macron.

Le président français évoquait avec solennité « l’épreuve des tranchées » et « le sacrifice des Alliés », quand tout d’un coup, le présentateur vedette de GB News interrompt l’antenne : « Je vais intervenir maintenant, parce qu’Emmanuel Macron, le président de la France, ne semble pas juger utile de faire preuve de courtoisie en parlant anglais. Donc nous attendrons et reprendrons s’il le fait, sachant qu’il est parfaitement bilingue. »

Peu après, un invité en rajoutait en affirmant que Macron avait prononcé 80 % de son discours en français, ce qui serait, selon lui, un affront à Sa Majesté. Bref, une tempête dans un verre de champagne… anglais, comme celui servi lors du repas, avec humour. Tiens, humour, un mot anglais d’origine française, qui vient de humeur, mais nous y reviendrons. Les censeurs de GB News auraient pourtant dû se féliciter de recevoir, dans leur pays, un président français qui parle leur langue. Militaire, de Gaulle maîtrisait l’allemand, la langue de l’ennemi. Fin lettrés, Pompidou et Mitterrand, eux, parlaient un français très châtié, mais c’est tout. Giscard, Hollande et Chirac s’exprimaient dans une sorte d’anglais à fort accent frenchie… Souvenez-vous de Chirac à Jérusalem : « It is a provocation, I go back to France. »

Quant à Sarkozy, il a eu zéro à son examen d’anglais à Sciences Po. À Londres, devant le Parliament – tiens, encore un mot français –, Macron s’est exprimé impeccablement dans la langue de Shakespeare.

Le roi Charles III, lui, reconnaît que son français est moins bon que celui de sa mère. Ce qui ne l’avait pas empêché de parler français devant le Sénat, à Paris, en 2003. Tout cela relève d’une vieille querelle qui remonte à 1066 et à la conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie, sacré plus tard roi d’Angleterre. Le vieux saxon s’est alors mâtiné de français.

Aujourd’hui, 60 % du vocabulaire anglais est d’origine française, jusqu’à la devise royale : Dieu et mon droit. Bon, pour être honnête, les Français n’ont pas toujours été très fair-play sur le sujet. Ainsi Georges Clemenceau, pourtant bilingue, disait : « La langue anglaise n’existe pas, c’est du français mal prononcé. »

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