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Au terme de cinq rounds crispants, la Française Laëtitia Blot a cédé sa ceinture de championne du monde des poids mouches de l'organisation Hexagone MMA dimanche, un premier accroc dans les cages pour cette combattante de 39 ans à la carrière "riche et atypique".
Devant plus de 2.500 spectateurs réunis au Zénith de Paris, Blot, 1,61 m, s'est inclinée contre la Lituanienne Ernesta Kareckaite, quinze ans de moins et quinze centimètres de plus, sur une décision partagée des juges.
A l'aube de la quarantaine, elle subit ainsi sa première défaite dans les arts martiaux mixtes, elle qui s'est hissée par le passé sur de nombreux podiums de judo, de lutte ou de sambo.
Pour l'AFP, la Bretonne revient sur son parcours dans les sports de combat.
"J'ai commencé par le judo à l'âge de 5 ans, je suis partie en sports-études à 15 ans et je suis montée à Paris à 18 ans pour intégrer l'Insep", explique-t-elle. Une carrière de judokate semblait donc toute tracée, mais le chemin s'avèrera plus sinueux que prévu.
Faute de résultats suffisants pour entrer en équipe de France, elle décide en effet à 25 ans de quitter les tatamis et devient contrôleuse de trains à la SNCF.
- Triple championne de France de judo -
Puis après une pause de plus d'un an, elle reprend finalement le judo en parallèle de son travail: c'est là que le déclic intervient et elle décroche à 30 ans le premier de ses trois titres de championne de France.
"Le fait d'avoir un travail stable, ça m'a détendue. Je n'avais plus une épée de Damoclès au-dessus de la tête qui me disait +si tu perds, tu n'as rien, tu vas être obligée de galérer+. Là je savais que si je perdais, j'avais une vie, j'avais un travail".
Mais malgré ses progrès, elle échoue à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, les sélectionneurs préférant miser sur une judokate plus jeune, et elle se tourne alors vers la lutte.
"J'ai fait les championnats du monde mais j'étais face à des nanas qui avaient des années de lutte, moi je n'en avais que deux ou trois. Il fallait se rendre à l'évidence".
Alors en 2019, au moment où la discipline s'apprête à être légalisée en France, son entourage la convainc de se mettre au MMA. "Ils m'ont dit: +Avec ton palmarès, c'est sûr que tu vas y arriver+. Au début je ne voulais pas en faire parce que je ne voulais pas abîmer mon visage", se souvient-elle. "Ils m'ont montré des photos et ils m'ont dit +T'inquiète, regarde, elles sont jolies les filles, Ronda Rousey elle est belle+. Ils ont réussi à me persuader grâce à ça".
- "C'est inhumain" -
"Je n'avais pas du tout de culture MMA, je ne m'étais pas penchée sur la question et je me suis lancée dedans comme un nouveau défi parce que j'en avais encore sous le coude. Inch'Allah, je suis arrivée, j'étais à l'arrache", plaisante-t-elle.
Mais pour mener sa carrière, des sacrifices s'imposent. "C'est inhumain", souffle celle qui a dû poser des congés pour préparer son combat. "Je mets ma vie sociale de côté, ma vie de femme de côté. Entre le travail et mon sport, je n'ai pas de repos. Je passe ma vie 7 jours sur 7, soit à faire l'un, soit à faire l'autre, soit à faire les deux. C'est violent".
Malgré sa défaite dimanche, Laëtitia Blot vise toujours plus grand et rêve de l'UFC, la plus prestigieuse des ligues de MMA.
"C'est un objectif, on verra bien. (Pour accéder à l'UFC), il faut gagner mais aussi que eux s'intéressent à vous. C'est eux qui décident, et en plus ils décident aussi par rapport à votre Instagram, à vos followers. Moi je suis au jour le jour, mon but c'est de gagner et c'est tout".
Elle aura l'occasion de le prouver lors de son prochain combat avec l'organisation Hexagone MMA, le 3 juin prochain à Béziers.