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La plateforme australienne de diffusion Kick a essuyé vendredi de nouvelles critiques des autorités françaises, qui ont obtenu rapidement le retour à un blocage de la chaîne du streamer Jean Pormanove, décédé après douze jours de maltraitance en direct.
En fin d’après-midi, un message d’erreur vert fluo clignotait à nouveau à l’écran, avec la mention « Oups, quelque chose s’est mal passé ».
« Le blocage de la chaîne ’jeanpormanove’ demandé par l’Arcom est de nouveau effectif », s’est félicité le gendarme français du numérique Arcom.
L’organisme a enjoint la plateforme basée à Melbourne et dotée seulement depuis cette semaine d’un représentant légal sur le sol européen, à Malte, « à poursuivre la coopération avec le régulateur ».
Plus tôt dans la journée, le régulateur français avait vivement condamné la réactivation de la chaîne dont la mort d’un des protagonistes continue de faire scandale et appelé la plateforme à rétablir sa suspension « dans les plus brefs délais ».
Diffusée depuis un local près de Nice, la chaîne « Jeanpormanove » est au cœur d’une double enquête, l’une déclenchée par la parution en décembre d’un article du média français Mediapart, toujours en cours, l’autre depuis la mort de celui qui donnait son nom à la chaîne.
Suivi par près de 200.000 personnes, Raphaël Graven de son vrai nom, 46 ans, se faisait régulièrement insulter, frapper, tirer les cheveux, menacer ou encore tirer dessus sans protection avec des projectiles de paintball aux côtés d’un autre homme, surnommé Coudoux, visiblement handicapé.
Il en retirait jusqu’à 6.000 euros par mois grâce aux abonnements à la chaîne ou aux dons des spectateurs, selon ce qu’il a déclaré lorsqu’il a été auditionné en début d’année.
« C’était de la fiction », a plaidé vendredi auprès de l’AFP Me Philippe-Henry Honegger, l’avocat d’Owen Cenazandotti, alias NarutoVie, qui animait la chaîne avec un autre streamer niçois.
Selon Me Honegger, JP et son client étaient hors caméras « de très bons amis (…) qui partageaient leur quotidien comme des gens extrêmement proches ».
Il a dénoncé un « déchaînement médiatique et politique » contre son client.
Selon les conclusions des médecins légistes, rendues publiques jeudi par le procureur de Nice, le décès de Jean Pormanove après douze jours de vidéo live sur la plateforme Kick dans lesquelles il apparaissait systématiquement humilié et frappé, est probablement « d’origine médicale et/ou toxicologique ».
Des analyses doivent encore être pratiquées.
Réputée pour ses règles de modération plus relâchées, Kick a été fondée en 2022 par deux milliardaires, l’Australien Ed Craven et l’Américain Bijan Tehrani, qui ont fait fortune dans les paris en ligne en cryptomonnaies.
Elle est rapidement devenue le refuge d’influenceurs controversés et de streamers bannis de son concurrent Twitch.
La chaîne « jeanpormanove » a diffusé pendant plusieurs mois avant le décès de M. Graven « des images montrant des scènes de violences insoutenables subies par celui-ci », a rappelé vendredi le gendarme français du numérique dans un communiqué.



















