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La droite française s'est trouvé un nouveau leader, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a décroché hier la présidence du parti Les Républicains avec 74,3% des voix face à Laurent Wauquiez. Les militants voient en lui un nouveau Nicolas Sarkozy, capable de les ramener à l'Élysée après la fin du mandat d'Emmanuel Macron en 2027.
Un parti de gouvernement, c’est fait pour gouverner. Ça paraît tout bête, mais c’est la formule magique qui a propulsé hier Bruno Retailleau à la tête de Les Républicains (LR) le parti, qui fut autrefois celui de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, sans oublier bien sûr ses lointaines origines gaullistes.
Et pourtant, il y a un an, Bruno Retailleau était quasiment inconnu du grand public. Le favori de la droite républicaine, c’était Laurent Wauquiez, élégant quinquagénaire, intellectuel brillant, sorti major de l’ENA, issu d’une prestigieuse famille d'industriels du Nord, et qui, enfant, passait ses vacances à la côte belge chez sa grand-mère.
Après le départ rocambolesque d’Eric Ciotti vers Marine Le Pen, le parti Les Républicains se cherchait un chef, et Wauquiez avait le profil… à un détail près. Il acceptait de soutenir un gouvernement nommé par Emmanuel Macron, mais pas d’y entrer, alors que Bruno Retailleau, lui, est devenu ministre de l'Intérieur, d’abord de Michel Barnier, puis de François Bayrou.
C’est ainsi que les Français ont découvert ce Vendéen, catholique pratiquant et fou d’équitation, qui a fait son service militaire dans la cavalerie à Saumur, et qui fut pendant 25 ans le bras droit et le metteur en scène de Philippe de Villers au Puy du Fou.
Longtemps considéré comme son dauphin, il rompt en 2010 avec le créateur de la cinéscénie, pour rejoindre François Fillon au parti qui s’appelait à l’époque l’UMP.
Ancien sénateur, âgé de 64 ans, quatorze ans de plus que Wauquiez, il aurait pu terminer tranquillement une carrière de notable, mais voilà, ce catholique pratiquant a dû sentir que ses idées conservatrices étaient dans l’air du temps.
Opposé au Traité de Maastricht, opposé au mariage pour tous, opposé à l’inscription de l‘IVG dans la Constitution, opposé à l’immigration, soutien indéfectible de la police, il accepte en septembre 2024 de devenir ministre de l'Intérieur. Un titre qui lui va comme un gant. Un peu à la manière de Sarkozy en 2005, sa fermeté avec les délinquants le rend populaire, et surtout… grâce à ses fonctions, il occupe l’univers médiatique. Et comme l’ancien président, il entend cumuler ses postes de ministre et de chef de parti.
LR n’est plus aussi puissant qu’autrefois, phagocyté par Macron sur l’économie et par Marine le Pen, sur le régalien. Mais Bruno Retailleau paraît plus rassurant que le premier, et moins effrayant que l’autre. On verra… À Paris, il n’y a que trois cents mètres entre le ministère de l'Intérieur et l’Élysée, cinq minutes à pied…mais par les urnes, c’est plus long !


















