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La cour d'appel de Paris a récemment remis en liberté sous contrôle judiciaire, trois hommes poursuivis pour des violences sexuelles liées à la plateforme pornographique "French Bukkake": un producteur, un homme accusé d'avoir été rabatteur et un acteur, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Fin août, des juges d'instruction ont ordonné un procès pour 17 hommes, âgés d'une trentaine à une soixantaine d'années, pour traite d'êtres humains en bande organisée, viols en réunion ou proxénétisme aggravé.
Ils sont notamment soupçonnés d'avoir participé à une "stratégie illégale de recrutement" d'actrices, menant à des viols en réunion sur des dizaines de femmes lors de tournages pour cette plateforme désormais fermée.
Sur les dix-sept hommes, quatre étaient en détention provisoire: le dirigeant de "French Bukkake" surnommé "Pascal OP", son associé "Mat Hadix", le recruteur Julien D. et un acteur. Depuis janvier, trois ont été relâchés.
La chambre de l'instruction a ordonné le 15 février que Julien D. soit placé sous contrôle judiciaire. Ses avocats n'ont pas souhaité commenter.
Mi-janvier, le producteur "Mat Hadix", déjà poursuivi pour 27 viols et qui doit être mis en examen pour une 28e victime d'ici au 14 avril, a aussi été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Son avocat n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Dans son cas, "la détention provisoire n'était plus nécessaire" aux besoins de l'enquête, "pour sa représentation en justice" ou "pour la protection de l'ordre public", a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Fin janvier, la chambre de l'instruction a ordonné qu'un acteur soit aussi remis en liberté "après 27 mois de détention provisoire", selon la même source.
Sur la dizaine d'acteurs poursuivis, "mon client était le dernier" en détention provisoire, souligne son avocat Me Josselin Guillon.
"Nous ne comprenions pas que cette détention soit si longue alors que c'est un homme avec des garanties de représentation, inséré dans la société. A sa sortie de prison, il a pu reprendre un emploi", a précisé son conseil.
"La cour d'appel a décidé de les libérer, soit", a réagi auprès de l'AFP l'une des très nombreuses femmes parties civiles. "Mais qui nous libérera nous, les victimes, de la prison de torture physique et psychologique dans laquelle nous sommes emmurées depuis plusieurs années? Va-t-on nous enlever ce droit d'être entendues, reconnues lors d'un procès et, enfin, libres de revivre?", s'est-elle alarmée.
La tenue d'un procès devant une cour criminelle départementale, tel qu'ordonné fin août et qui serait le premier grand procès du porno amateur en France, n'est pas encore actée. En effet, onze mis en cause et 36 parties civiles ont fait appel de l'ordonnance des juges d'instruction.
Les parties civiles ont notamment demandé une requalification à la hausse afin qu'une dizaine d'accusés soit jugée pour viols accompagnés d'actes de torture, de sexisme et de racisme.