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Washington aurait approché Kiev pour y transférer des personnes expulsées du territoire américain, en échange d'aide militaire. D'autres pays auraient également été sollicités, selon des documents révélés par le Washington Post.
En ce début d’année, l’administration Trump aurait mené une opération discrète visant à convaincre des pays tiers, dont l’Ukraine, d’accepter sur leur sol des personnes expulsées des États-Unis. L’information provient de documents analysés par le Washington Post, qui révèlent une politique migratoire mise en place en parallèle d’un durcissement général de la législation sur l’immigration.
L’Ukraine, qui dépend largement du soutien militaire et financier américain, aurait été sollicitée par un diplomate américain de haut rang pour accueillir des ressortissants de pays tiers. Toutefois, selon des responsables ukrainiens, Kiev n’a jamais accepté de telles personnes, et le sujet n’aurait jamais été discuté au plus haut niveau du gouvernement. "Il n’y a eu aucune exigence politique" de la part des États-Unis, affirme l’un d’eux.
Une politique d’incitation et de pression
Cette tentative d’impliquer l’Ukraine s’inscrirait dans une stratégie plus large initiée par Donald Trump. L’objectif ? Élargir le nombre de pays prêts à accepter des expulsés, notamment en échange de contreparties financières ou sous la menace de représailles diplomatiques. Le Rwanda, par exemple, aurait reçu 100.000 dollars (88.000 euros) pour accueillir un citoyen irakien expulsé et se serait engagé à en accepter dix autres.
Certains pays d’Amérique latine, comme le Salvador, le Mexique, le Panama ou encore le Costa Rica, ont accepté de coopérer. D’autres auraient subi des menaces de sanctions économiques. D’après Yael Schacher, directrice pour les Amériques et l’Europe de l’ONG Refugees International, cette politique cible des gouvernements "sous pression" et désireux de "s’attirer les faveurs" de Washington.
"Procéder prudemment"
Outre l’Ukraine, des discussions auraient aussi été engagées avec la Géorgie et l’Ouzbékistan. Ce dernier pays a joué un rôle clé dans ce dispositif, recevant plus d’une centaine d’expulsés, dont dix-neuf citoyens kazakhs et vingt kirghizes. Pourtant, les vols directs entre les États-Unis et l’Ouzbékistan étaient suspendus, conséquence indirecte du conflit en Ukraine.
Un responsable américain a reconnu la nécessité de "procéder prudemment", en particulier avec l’Ouzbékistan, pour éviter que ces manœuvres ne profitent à des puissances rivales telles que la Chine ou la Russie.



















