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Biathlon: le cristal après l'or, Simon change de dimension

Un mois après avoir été sacrée championne du monde, Julia Simon a confirmé son changement de dimension en remportant le gros globe de cristal qui récompense la meilleure biathlète de la saison pour la première fois, samedi à Oslo.

À 26 ans, Simon devient la première Française à soulever ce trophée depuis Sandrine Bailly il y a 18 ans, la quatrième au total après Anne Briand (1995) et Emmanuelle Claret (1996).

"Je n'ai pas les mots pour le moment, accueille-t-elle sans le moindre signe apparent d'effusion. J'ai encore du mal à me rendre compte. Il y avait de l'enjeu, bien sûr que j'avais un peu de pression, j'avais les jambes un peu fébriles aujourd'hui (samedi), mais j'ai vraiment essayé de me concentrer sur ce que j'avais à faire."

"Je suis quelqu'un qui a du mal à laisser aller, je pense qu'il va falloir que la course de demain (la dernière de la saison, une mass start, NDLR) soit terminée pour me rendre compte que c'est bon, c'est fini, poursuit Simon. Là, ça commence à devenir réel avec tout le monde qui m'en parle."

Simon abordait le sprint, l'avant-dernière course de l'hiver décalée de vendredi à samedi en raison de l'épais brouillard installé sur la colline d'Holmenkollen la veille, avec une solide avance de 144 points sur sa dernière concurrente dans la course au gros globe, l'Italienne Dorothea Wierer.

- Régularité nouvelle -

Comme elle l'a devancée, en terminant cinquième (1 faute, +39.3) quand Wierer ne s'est classée que 23e (1 faute, +1:21.3), elle est définitivement hors de portée.

C'est l'Allemande Denise Herrmann-Wick, à la veille de la fin de sa carrière, qui s'est imposée, devant deux Suédoises, Hanna Oeberg (à 3.5) et Anna Magnusson (à 33.1). Les trois ont réalisé un 10 sur 10 derrière la carabine.

Simon, promesse du biathlon français qui avait habitué aux résultats en dents de scie, a complètement changé de dimension cet hiver, portée par une régularité nouvelle au tir couché qui lui faisait défaut jusque-là.

En termes de résultats, c'est évident : en une saison, la biathlète des Saisies a signé trois victoires et dix podiums individuels au total en Coupe du monde. Soit, à très peu de choses près, autant que depuis ses premiers pas dans la cour des grandes en 2017 (4 victoires et 11 podiums avant la saison 2022/2023).

Aux Mondiaux d'Oberhof (Allemagne) en février déjà, elle avait donné du corps à son nouveau statut en devenant championne du monde de la poursuite - là sans contenir son émotion - et médaillée de bronze de la mass start, ses deux premiers podiums internationaux individuels.

Et dire que le gros globe n'était même pas dans son viseur en avant-saison.

- Maillot jaune depuis décembre -

Si on lui avait promis, "je n'y aurais pas cru, du tout, sourit-elle. Je voyais à l'automne que mon tir se stabilisait, que je tirais de mieux en mieux. Mais je n'aurais jamais pensé être capable de pouvoir tenir ça une saison complète. Je n'aurais jamais pensé pouvoir faire autant de top 6, monter autant de fois sur le podium, j'aurais trouvé ça prétentieux !"

"Mon objectif, vraiment, c'était d'être plus régulière en Coupe du monde, d'arrêter de faire podium, 60e, podium, 60e...", répétait-elle il y a quelques jours. Et "ça n'a pas été mon objectif jusqu'à fin janvier."

Pourtant depuis qu'elle a endossé le dossard jaune de leader du classement général en décembre à Hochfilzen (Autriche), dès la cinquième course individuelle de la saison (sur 20), Simon ne l'a plus quitté.

Ce gros globe, même l'entraîneur de tir des Bleues Jean-Paul Giachino n'y avait "pas pensé" en avant-saison. Marie-Laure Brunet, ex-biathlète devenue préparatrice mentale qui accompagne Simon depuis le printemps 2021, elle, y croyait.

"Sur sa valeur, ce qu'on sait d'elle, ses capacités à se déplacer sur la piste, et ce que je percevais de son tir, il n'y a rien de surprenant, estimait-elle auprès de l'AFP il y a quelques semaines. Au fond de moi, et je l'ai dit à certaines personnes avant les premières courses, je me suis dit cet hiver je pense qu'elle va jouer le (classement) général."

Et voilà Simon qui prend le relais des Bleus, eux en panne de résultats cette saison, malgré la deuxième place de Quentin Fillon Maillet derrière l'inaccessible Johannes Boe en poursuite samedi - seulement son deuxième podium individuel de l'hiver.

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