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Jair Bolsonaro s'est dit "revigoré" jeudi à son retour au Brésil après un séjour de trois mois aux Etats-Unis, et déterminé à faire opposition à Lula qui l'a battu à la présidentielle d'octobre.
Arrivé tôt dans la matinée à l'aéroport de Brasilia en provenance de Floride, il n'a pas salué les quelque 200 fervents admirateurs qui l'attendaient en scandant son nom, et a rejoint directement les locaux du Parti Libéral (PL), sous la bannière duquel il s'était présenté à la réélection.
L'ex-président d'extrême droite a juste fait une apparition d'une fenêtre pour saluer d'autres partisans venus le voir, certains vêtus aux couleurs jaune et verte du drapeau national, avant de sortir très rapidement des locaux les saluer de la main, sous un soleil radieux.
"Je suis très heureux d'être de retour, j'ai passé trois mois loin du Brésil, je suis revigoré, et je veux que nous puissions mener notre pays vers ce que nous croyons être son destin. La paix, la prospérité, l'ordre et le progrès", a-t-il déclaré lors d'un discours devant les dirigeants du PL diffusé sur les réseaux sociaux.
"Ceux qui sont au pouvoir en ce moment, et pas pour longtemps, ne pourront pas faire ce qu'ils veulent de l'avenir de notre pays", a-t-il insisté, avant de quitter les locaux de son parti en début d'après-midi.
Jair Bolsonaro, qui n'a plus de mandat pour la première fois depuis plus de 30 ans, a affiché ses ambitions pour les municipales de l'an prochain, espérant que le PL et les autres partis conservateurs auxquels il est allié raflent "60% des mairies".
"C'est une grande joie de recevoir notre vrai président, Bolsonaro", a dit à l'AFP Kaynia, une jeune femme indigène qui arborait une coiffe de plumes devant les locaux du PL et n'a pas donné son nom de famille.
- "Opposition organisée" -
Le Parti Libéral a confirmé à l'AFP que Bolsonaro, en devenant son président d'honneur, allait recevoir des émoluments mensuels de près de 7.000 euros. À Brasilia, il a élu domicile dans un complexe résidentiel très protégé.
La Police militaire avait été mobilisée en nombre pour cette arrivée, de crainte de débordements, le PL ayant fait beaucoup de publicité sur les réseaux sociaux pour le retour de Bolsonaro.
En rentrant au Brésil, l'ex-président, objet d'une longue série d'enquêtes, s'expose à des poursuites judiciaires avec une éventuelle inéligibilité et un possible emprisonnement, tout en compliquant la donne politique pour son successeur de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.
Bolsonaro avait quitté le Brésil le 30 décembre, avant même la fin de son mandat, boycottant la cérémonie d'investiture de Lula le 1er janvier.
A 68 ans et après une défaite "injuste" qui l'avait plongé dans l'abattement, il avait fait part la semaine dernière de son intention de "parcourir le pays", et de "faire de la politique".
Le retour au Brésil de Jair Bolsonaro intervient à un moment où le président Lula traverse une séquence compliquée, moins de trois mois après avoir pris ses fonctions.
Après avoir contracté une pneumonie, il a dû reporter cette semaine une visite d'Etat en Chine sur laquelle comptaient ses conseillers pour redorer son blason à la suite de diverses polémiques et déclarations intempestives.
"Lula va devoir maintenant gouverner avec une opposition organisée, cela pourrait faire une grande différence", avançait pour l'AFP Jairo Nicolau, un analyste politique à la Fondation Getulio Vargas (FGV).
- Ennuis judiciaires -
Jair Bolsonaro rentre en pleine polémique sur des bijoux de luxe, d'une valeur d'au moins trois millions d'euros, reçus d'Arabie saoudite, qu'il aurait fait entrer illégalement au Brésil.
Il a été convoqué par la police dès le 5 avril pour une déposition.
Bolsonaro, qui a perdu son immunité, est aussi sous le coup de cinq enquêtes à la Cour suprême dans des affaires qui pourraient lui valoir la prison.
Jair Bolsonaro est également sous le coup de pas moins de 16 enquêtes du Tribunal supérieur électoral (TSE).
Il pourrait être condamné à huit ans d'inéligibilité, ce qui l'empêcherait de se présenter à la présidentielle de 2026.
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