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Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux enseignants français détenus en Iran depuis plus de trois ans, ont été formellement inculpés pour « espionnage au profit d’Israël », « complot contre l’État » et « corruption sur terre », trois chefs d’accusation passibles de la peine de mort. Un nouveau tournant inquiétant pour leurs familles, et pour les autorités françaises qui les qualifient « d’otages d’État ».
L’angoisse a redoublé depuis le bombardement, le 23 juin dernier, de la prison d’Evin, où ils étaient initialement détenus. Une image générée par intelligence artificielle, montrant un missile frappant directement la porte de l’établissement, a semé la panique. La France a rapidement exigé des nouvelles de ses ressortissants. L’Iran a affirmé qu’ils étaient indemnes, mais ce n’est que quelques jours plus tard, lors d’une visite consulaire, que leurs proches ont été réellement rassurés.
Totalement infondés
Depuis, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été transférés dans une autre prison. Mais l’inquiétude s’est transformée en sidération après la confirmation par une source diplomatique de leur inculpation pour des motifs jugés « totalement infondés » par Paris, notamment celui d’espionnage pour le Mossad.
« Nous n’avons cessé d’exiger leur libération immédiate et inconditionnelle depuis leur arrestation il y a plus de trois ans », a rappelé le porte-parole du Quai d’Orsay. Le président Macron et son ministre des Affaires étrangères ont, selon lui, « réitéré cette exigence auprès de leurs homologues iraniens à plusieurs reprises, et encore ces derniers jours ».
Arrêtés le 7 mai 2022 alors qu’ils s’apprêtaient à quitter l’Iran après un voyage touristique, le couple était en réalité suivi depuis dix jours par les services secrets locaux. En cause, notamment, les contacts qu’ils ont eus avec des syndicalistes iraniens, perçus comme des opposants au régime. Jacques Paris est cadre dans un syndicat français d’enseignants, ce qui aurait attiré l’attention des autorités iraniennes.
Contrainte d’enregistrer une vidéo de confessions
Des mois plus tard, alors qu’elle était détenue au secret, Cécile Kohler a été contrainte d’enregistrer une vidéo dans laquelle elle « avoue » être membre de la DGSE, les services secrets français. Une accusation que la France rejette fermement.
La prise d’otages par l’Iran n’a rien de nouveau. Dès 1979, le régime avait détenu 52 Américains pendant 444 jours, après la prise de l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Dans les années 1980, des journalistes, humanitaires et diplomates occidentaux avaient été enlevés au Liban par des groupes affiliés aux Mollahs. Aujourd’hui encore, cette stratégie reste une arme de pression.
Alors que la France menace Téhéran de nouvelles sanctions internationales, après la suspension de sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, la détention de ce couple français apparaît comme une monnaie d’échange. Reste à savoir quel sera le prix à payer pour leur libération.


















