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Cette perspective d’une réunion à Moscou, ce serait tout simplement pour le président ukrainien « aller à Canossa », comme on disait autrefois. Canossa est une petite ville du nord de l’Italie où le pape Grégoire VII séjournait au cours d’un voyage en 1077. À l’époque, il y avait un conflit entre le souverain pontife et l’empereur germanique Henri IV. Les deux hommes s’affrontaient au sujet de la nomination des évêques. L’empereur voulait s’en arroger le pouvoir, le pape n’était pas d’accord, au point de l’excommunier. Pour obtenir son pardon, le souverain germain a dû se rendre à Canossa et attendre trois jours que le pape accepte de le recevoir et de lever la sanction. Depuis, l’expression « aller à Canossa » est synonyme de renoncement, de repentir et d’humiliation. Pour Zelensky, aller à Moscou, ce serait la même chose, en quelque sorte, reconnaître qu’il est toujours un vassal de l’Empire russe venu quémander la clémence du tsar.
C’est pourquoi Emmanuel Macron a dès lundi proposé un terrain neutre, comme Genève. Le gouvernement suisse a tout de suite accepté, annonçant qu’il accorderait l’immunité diplomatique à Vladimir Poutine, toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Depuis, l’Autriche s’est aussi proposée. Quant au chancelier allemand, il a évoqué Budapest. On a aussi envisagé la Turquie. Bref, rien n’est fait.
D’autant plus que l’acceptation de Poutine pour un sommet à trois ressemble à une promesse de Gascon, de celles qui n’engagent que ceux qui les reçoivent. Le président russe n’a pas voulu mettre en péril son excellente relation avec Trump. Mais il n’en pense pas moins. D’ailleurs, dès lundi soir, au cours d’un point de presse, son conseiller diplomatique, Iouri Ouchakov, expliquait que Poutine se serait seulement dit favorable à une élévation du niveau des délégations russes et ukrainiennes. Donc il aura bien des rencontres, éventuellement d’ici 15 jours, mais au niveau de responsables diplomatiques ou gouvernementaux, éventuellement des Premiers ministres. En revanche, le président russe ne s’assoira à la même table que son homologue ukrainien que pour signer un traité de paix définitif. Comme Moscou et Kiev ne sont d’accord sur rien et surtout pas sur la cession des territoires, les négociations vont prendre un bon bout de temps.
Quant à la garantie de sécurité promise lundi à l’Ukraine, Donald Trump l’a déjà nuancée en affirmant qu’il n’y aurait pas de soldats américains au sol et que ce serait le rôle des Européens. Là encore, ça promet de longues discussions. Parmi les pays intéressés, l’Italie qui pourrait les organiser, par exemple, à Canossa…


















