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Il est venu en Belgique, mais pas à Paris: la relation difficile entre le pape François et la France

En France, les catholiques ont été surpris par la volonté du pape François de ne pas se rendre officiellement, dans ce qu'on appelle  "la fille aînée de l'Église". Il est bien venu dans l'hexagone à trois reprises: à Strasbourg, à Marseille et en Corse, mais il ne s'est jamais déplacé jusqu'à  Paris, y compris pour la réouverture de Notre Dame. Comment expliquer cette situation, alors qu'il s'est rendu sans difficulté en septembre dernier en voyage d'État en Belgique ? 

Aux yeux du Vatican, la France est un paradoxe: on la surnomme "la fille aînée de l’Église", depuis le baptême à Reims, par Saint-Remi, de Clovis roi des Francs, le 25 décembre 496, jour de Noël. On pourrait raconter seize siècles de péripéties entre Rome et Paris, le gallicanisme, le concordat signé par Napoléon, et même la période des Papes d’Avignon.

Disons qu’aujourd’hui, on est en plein paradoxe. La fille aînée de l’Eglise est devenue depuis 1905, un État officiellement laïc. Ainsi des présidents clairement catholiques pratiquants, comme le général de Gaulle ou Emmanuel Macron, tous deux anciens élèves des jésuites, ont toujours gardé une certaine distance avec l’Église. Pour autant jusqu’à un passé récent, bien des papes parlaient parfaitement le français qui reste d’ailleurs la langue diplomatique du Vatican. Ils étaient même carrément francophiles.

Le Pape Jean Paul II avait effectué un de ses premiers voyages en France où dans un stade plein de jeunes il avait dit: "France qu’as-tu fait de ton baptême ?". Quand Benoit XVI, intellectuel polyglotte, était un lecteur de Bernanos qui avait prononcé une conférence célèbre en septembre 2008 au collège des Bernardins à Paris sur l’essence de la civilisation chrétienne, citant, entre autres, l’influence de saint Bernard de Clairvaux. Mais ça, ce n'était pas le genre de François, le pape des pauvres.

On l'a beaucoup dit ces dernières heures, parmi la soixantaine de voyages effectués, François, comme il l’avait promis lors de son élection, fut le pape des périphéries: Mongolie, Indonésie, Corée, Philippines, Maroc, Egypte, Bahreïn, RDC, et en Europe: Portugal, Suède ou Belgique, mais pas les grandes nations catholiques comme l’Espagne ou la France. 

L’Italie étant à part puisqu’il était l’évêque  de Rome. C’était un pape argentin, issu d’un milieu modeste, d’immigrés italiens, un pape du tiers-monde. Et quand il est venu pour la première fois en France à Strasbourg en 2013, c’était pour rencontrer les institutions européennes et pas la France. À la grande déception de l’archevêque de Strasbourg qui l'avait invité dans sa très belle cathédrale, en vain.

Même chose en Marseille en 2023, où le prétexte était un sommet sur la Méditerranée. Et en Corse, l’année dernière, quelques jours après la réouverture de Notre-Dame de Paris, où il n’est pas allé. S’il était à Ajaccio, c’était pour célébrer les traditions populaires chrétiennes toujours très vivaces dans l’île. Pape des périphéries, il est donc resté à la périphérie de la France, est et Sud.  

Pas de privilège pour les grandes nations riches. Certains diront aussi qu’il n’appréciait pas le projet de loi français sur la fin de vie qui laissera probablement la porte ouverte à l’euthanasie ou au suicide assisté, deux pratiques condamnées par l’Église. Il parlait pourtant un peu français pour avoir suivi des cours à l’Alliance Française de Buenos Aires dans sa jeunesse.

Enfin, pour l’anecdote, il s’est comparé, un jour, lors d’une conférence de presse, au mythique chanteur de tango argentin Carlos Gardel. Carlos Gardel natif de…Toulouse !

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