Partager:
Ce mercredi, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi était à Bruxelles pour une rencontre avec la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. M. Wang a également rencontré dans la foulée le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Lors de sa rencontre initiale, Wang Yi a tenu des propos étonnamment directs au sujet du conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie depuis maintenant plusieurs années : la Chine ne peut pas se permettre une défaite de la Russie. Cette déclaration, relayée par le South China Morning Post, marque une rupture avec la prudence habituelle de Pékin sur le sujet.
Derrière cette prise de position se cache une lecture stratégique du conflit : tant que les États-Unis et l’Europe restent focalisés sur l’Ukraine, la Chine peut poursuivre plus sereinement ses ambitions dans la région indo-pacifique, et en particulier autour de Taïwan. Une Russie affaiblie risquerait au contraire de libérer l’attention géopolitique de l’Occident sur cette zone du monde, ce que Pékin souhaite éviter à tout prix.
Même si la Chine affirme officiellement ne pas fournir d’aide militaire à la Russie, ses actes suggèrent une implication indirecte. Des équipements à double usage – civils et militaires – continuent d’alimenter l’économie de guerre russe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui-même accusé Pékin de favoriser Moscou tout en bloquant les ventes de drones à Kiev et à ses alliés.
Wang Yi a, à demi-mot, confirmé que la Russie bénéficie du soutien politique de la Chine et que, pour Pékin, une victoire occidentale en Ukraine serait une perte stratégique majeure. Cette déclaration, selon des sources présentes lors de l’entretien, s’apparente à une leçon de « realpolitik » donnée à l’Union européenne.
Ces propos interviennent alors que le soutien occidental à l’Ukraine montre des signes d’essoufflement. Le Pentagone a d’ailleurs suspendu temporairement certaines livraisons d’armes essentielles à l’Ukraine.
